Le 13 juillet 1703 s’éteignait l’abbé Alexandre Martin dans la maison de Sainte-Garde à Saint-Didier. L’anniversaire de sa mort est l’occasion d’évoquer son témoignage et son héritage. Il est né et a été baptisé à Robion le 9 juin 1630, où il célébra sa première messe le 9 juin 1654. C’est en souvenir de ces grâces qu’il fit bénir la chapelle de Notre-Dame-de-Sainte-Garde qu’il avait édifiée, le 9 juin 1666.
Cette chapelle ainsi que la maison attenante, avaient pour vocation d’accueillir les prêtres, et leur permettre d’y refaire leurs forces, pour le salut des âmes.
En 1668, après une rencontre avec deux religieux minimes, monsieur Martin s’attacha à vivre selon les règlements du Tiers ordre des prêtres missionnaires de Saint-François de Paule. Il voulait ainsi se préparer à accueillir d’autres prêtres.
Des candidats vinrent auprès de M. Martin, mais ne restèrent pas. Cette longue attente fut un vrai temps d’épreuve : « Hélas ! Que les choses de ce monde, pour belles, pour utiles qu’elles paraissent, sont peu permanentes. Eh, mon Dieu ! Quel fondement peut-on faire sur les enfants des hommes. Nul ne fait le bien, pas même un seul (ps 12, 2). Parmi un grand nombre, qui se présentent à lui pendant plus de trente ans, il ne s’en trouve que deux, qui auraient édifié, mais que ne font que passer en sa Solitude. Une mort précieuse est la récompense de leur persévérance dans une vie pénitente ? Ce pauvre Solitaire ne s’épouvante pas de tout cela, parce qu’il apprend, que Dieu veut tout faire dans une œuvre de si grande importance ; c’est la seule consolation. Nous devons considérer ici, ajoutait encore M. Martin, qu’il semble que Dieu permet, que les affaires même les plus saintes, soient réduites à la dernière extrémité. Il semble que tout est dans le désordre, & que tout est perdu ; mais Dieu, par sa bonté, se plaît alors à les relever, faisant, par un coup de sa puissance, ce qui paraissait moralement impossible aux hommes »
Ces trente années d’attente n’auront pas été vaines, elles auront façonné la personnalité et éprouvé non seulement l’âme mais l’œuvre de cet humble serviteur. « Déjà avancé en âge, épuisé de travaux, accablé de peines de corps et d’esprit, il n’en voyait point l’accomplissement, il espérait cependant contre toute espérance ». Le 8 décembre 1699, le jour de l’Immaculée Conception, arrivent à Sainte-Garde MM. Bertet, de Benoït et Maselli. Ils seront rejoints rapidement par M. de Salvador. M. Bertet est élu supérieur de la communauté le 8 janvier 1700, et le 10 janvier, MM Bertet, Martin et de Benoit prononcent le vœu simple de stabilité au service de la Vierge Marie.
Avec humilité, M. Martin se place sous la responsabilité de M. Bertet, mais il garde aux yeux de ses confrères une place de choix « Ils avaient conçu un amour tendre et filial pour M. Martin ». L’un de ses biographes évoque son ministère exercé « toujours avec une douceur qui était au-delà de tout ce qu’on en pourrait dire ou penser. Ayant donné tout le temps nécessaire à l’instruction de ses ouailles, il passait la plus grande parti du jour et de la nuit à prier pour la conversion de pécheurs, et l’esprit de pénitence qui l’animait, pour apaiser la justice de Dieu n’avait d’autre borne que celles que l’obéissance ou la prudence prescrivait », ajoutons à cela sa tendre dévotion, pleine de confiance à la Vierge Marie, Notre-Dame-de-Sainte-Garde, et son attachement à la solitude, non pas comme un isolement, mais comme une préparation, un préalable nécessaire à la mission. » C’est cet héritage qu’il a transmis et par lequel il fut précurseur de cette congrégation qui, pour modeste qu’elle fut, eut un réel rayonnement dans toute la Provence, et même au-delà.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades