Dans nos églises, le sanctuaire est le lieu saint par excellence où est célébré le sacrifice eucharistique.
Il se distingue du reste de l’église, d’abord par son emplacement. Il est au centre : tout le bâtiment, la décoration, l’espace conduisent les regards vers lui ; vers ce sanctuaire, tout converge. Traditionnellement, il est orienté, c’est-à-dire tourné vers l’orient, vers le soleil levant. Pourquoi ? Parce que le soleil levant est un symbole naturel de la résurrection. Nous ne sommes pas tournés vers le soleil pour adorer celui-ci, mais parce que le soleil levant nous fait penser à la résurrection du Christ. Et c’est bien vers le Christ que nous sommes tournés, et par lui, et dans l’Esprit-Saint, vers le Père.
Les degrés ou marches du sanctuaire, la table de communion - lorsqu’elle a été heureusement conservée - ne visent pas à interdire l’entrée, mais à marquer la différence, comme un avertissement, un signe. C’est un peu comme lorsque Moïse, voyant le buisson brûler sans se consumer, comprend qu’il est en un lieu sacré, et qu’il se déchausse. C’est une invitation à entrer dans ce sanctuaire avec respect, déférence et dans un esprit d’adoration.
Au centre de ce sanctuaire, un autel (du latin altare, élever) pour offrir le sacrifice eucharistique. L’autel est consacré, marqué de cinq croix qui rappellent les cinq plaies du Christ, signifiant que l’autel c’est le Christ. Dès les origines, les chrétiens ont célébré la messe sur la tombe des martyrs et des saints, parce que ceux-ci, dans leurs vies, ont laissé transparaître l’œuvre de la grâce du Christ présent à notre temps. Avec eux, par leur intercession, forts de leur témoignage, nous tournons nos cœurs vers le Seigneur. Aussi, dans les autels sont toujours placées des reliques de martyrs et de saints. Parce que l’autel c’est le Christ, parce qu’il est consacré, parce qu’il est le tombeau de saints, le prêtre le vénère d’un baiser, et ne passe pas devant sans le saluer d’une inclination. Ce n’est pas une simple table !
Dans le sanctuaire, le tabernacle est le lieu de la conservation des Saintes Espèces : le Corps du Christ. Le tabernacle est héritier de la tente du Rendez-vous au désert, c’est pour cela qu’il est souvent recouvert d’un voile – appelé conopée -, lorsqu’il n’est pas doré. Ce tabernacle n’est ni une boite, ni un placard, il est le lieu de la Présence Réelle. Là, nous pouvons identifier, voir, adorer la présence de Dieu. « Il est là ! » aimait à répéter le saint curé d’Ars en montrant du doigt le tabernacle. Cette adoration de la communauté chrétienne est signifiée par la lampe du sanctuaire qui brûle en permanence, manifestant la prière de la communauté chrétienne qui se poursuit, même lorsque les fidèles sont dispersés.
Ce sanctuaire, en ce qu’il est, par sa beauté, par le respect que nous lui manifestons, nous rappelle aussi, que par le baptême, le véritable sanctuaire, le lieu de la présence agissante de la grâce, c’est notre cœur et notre âme. Que nos sanctuaires soient à l’image de nos cœurs, et que leur beauté nous engagent à prendre encore plus soin de nos âmes.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades