« ...sans pouvoir tuer l’âme ». Ces paroles de Notre Seigneur Jésus Christ, dans l’Evangile de saint Mathieu (10, 24-33) sont une exhortation, un encouragement afin de ne perdre ni confiance, ni courage, face aux ennemis et à l’adversité. Une phrase d’un auteur, devenue quasiment un aphorisme, dit encore « ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort ». Nous ne sommes pas, en France, dans une situation de persécution déclarée, violente et brutale. A priori, nous ne risquons pas nécessairement notre vie, même si la menace d’attentats n’est jamais complètement absente. Certes, nous sommes confrontés à la fragilité de nos vies, par les risques de maladie et d’épidémie.
Les menaces sont réelles, et peuvent légitimement inquiéter, effrayer et faire peur. Il ne s’agit ni de les ignorer, ni de les minimiser. Il demeure important, et pour tout dire, vital, d’être prudent. Pour autant, quand bien même aurions-nous éviter tout risque, toute menace pour nos corps, nous n’aurons pas échapper au risque de la mort de nos âmes.
L’âme est ce qui fait que nous sommes chacun, unique, capable d’aimer et d’être aimé, ce qui fait l’unité de notre vie, de ce que nous faisons, de ce que nous sommes. Cette âme est elle aussi vulnérable et fragile. Il faut en prendre soin. Nous avons pu voir combien pendant les confinements, alors que beaucoup ont échappé à l’épidémie, ont pourtant été anéantis et brisés dans leur âme, dans leur capacité d’aimer et d’être aimés, ne serait-ce que par l’isolement.
Nos âmes sont vulnérables, et peuvent facilement se noyer, s’épuiser et se perdre dans la multiplicité des activités et engagements, les soucis et préoccupations, les critiques et mauvaises pensées, l’orgueil et les vanités. Tout cela peut donner l’apparence de force, mais ce n’est qu’une façade, si l’âme n’est pas forte elle aussi.
Prendre chaque jour le temps de prier, c’est prendre les moyens de faire vivre, respirer et nourrir notre âme, parce que la prière est un acte gratuit de pur d’amour, par lequel nous aimons Dieu et le laissons nous donner son amour, Ce faisant, en priant aussi pour ceux que nous aimons, précisément, en priant pour eux, nous les aimons, et nous les aimons dans la puissance et la force de l’amour de Dieu.
En cette période estivale, où le rythme quotidien change, où nous prenons le temps de reposer nos corps, il n’est peut être pas inutile de prendre aussi du temps pour nos âmes.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades