Nous pensons avoir besoin de silence pour prier, mais le silence que nous cherchons est surtout une absence de bruit, de distraction, d’interférence. Or, quand bien-même parviendrions-nous à ce résultat, pour autant, nous n’aurions pas commencé à prier, nous nous serions même éloignés de la prière.
Lorsque Marie-Madeleine vient au tombeau du Christ, au premier jour de la semaine (qui est devenu notre dimanche), elle le trouve vide. Evidemment, elle est affectée par cette absence, troublée. Elle venait pour se recueillir, et ce besoin de recueillement se fait plus intense en découvrant le tombeau vide. Or elle est dérangée dans sa peine et son recueillement par celui qu’elle croit être le jardinier. C’est le Seigneur Jésus ressuscité, mais elle ne le reconnaît pas.
Je suis touché par la question que le Seigneur lui pose : « Femme ! Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ». Le Seigneur Jésus vient la rejoindre au cœur de sa peine et de son recueillement. Ne serions-nous pas tentés, nous, à sa place, de répondre « Tais-toi ! Je prie ! » ? Elle, tout au contraire, se laisse déranger par cette question, elle exprime sa peine, son attente, son espérance.
C’est ainsi, par cette voie-là, qu’elle va pouvoir retrouver « celui que son cœur aime ». Elle ne reconnaît le Seigneur Jésus ressuscité ni à son apparence, ni à sa voix, mais lorsque celui-ci l’appelle par son prénom : « Marie ! », alors elle le reconnaît et confesse dans la foi : « Rabbouni ! ». Son cœur est touché, saisi.
Dans notre prière, laissons nous aussi le Seigneur venir jusqu’à nous, laissons-le approcher, nous questionner, sans le faire taire. Laissons monter de nos cœurs nos attentes, nos peines, notre espérance, notre foi, notre amour. Ce ne sont ni des bruits, ni des distractions, ni des interférences. Il s’agit de l’expression de ce qui habite nos cœurs. Sachons écouter la voix du Seigneur qui parle à notre cœur, pour le reconnaître et confesser notre foi, entendre sa réponse, et le trouver présent, ressuscité, auprès de nous, avec nous, dans nos vies. « Parles ! Seigneur ! Ton serviteur écoute »
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades