Les saints et les saintes sont avant tout des hommes et des femmes ordinaires, comme chacun de nous. Ils sont nés dans un contexte historique particulier, au cœur d’une famille, d’une culture. Hommes et femmes, ils ont leurs qualités et leurs défauts. Hommes et femmes de leur temps, ils ont eu à recevoir le don de la foi, transmis dans leur famille, dans le contexte et la culture de leur temps. Hommes et femmes, créés à l’image de Dieu, libres pour aimer, ils ont eu à s’approprier cette foi par une conversion personnelle. Hommes et femmes, au cœur de la société de leur temps, ils ont marqué leurs contemporains par leurs vies, leurs paroles et enseignements, par ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont construit, ce qu’ils ont fondé, par leurs combats et leurs victoires.
Hommes et femmes ordinaires, il y a pourtant quelque chose d’extraordinaire qui s’est passé dans leurs vies. Ils ont été reconnus comme saints, c’est-à-dire qu’ils ont fait la rencontre personnelle et intime avec le Seigneur Jésus. Cette rencontre est une amitié, une relation où chacun est unique, où chacun veut le bien de son ami, une amitié extraordinaire parce que c’est une amitié avec le Christ-Jésus, le Fils de Dieu. Comme toute amitié, celle-ci a marqué et transformé la vie et le cœur de ces saints. A travers ce qu’ils ont vécu, fait et enseigné, cette amitié a resplendi, comme si le visage du Christ se laissait entrevoir à travers eux.
En les reconnaissant comme saints, c’est ce que l’Eglise a affirmé. A travers les témoignages de ceux qui les ont cotoyé, par les signes qu’ils ont fait non seulement après la vie en notre temps, mais aussi au cours de leur vie au milieu des hommes, l’Eglise a reconnu que c’est ce visage du Christ qui transparaissait, l’oeuvre de la grâce qui se manifestait à travers ces saints : Dieu qui se rendait visible, tangible, abordable. La grâce de Dieu dans notre histoire. Les saints, à chaque époque, sont témoins priviligiés de cette grâce de Dieu qui continue à oeuvrer dans notre temps. Ils sont garants que cela est toujours possible aujourd’hui, pour chacun d’entre-nous.
Ces hommes et ces femmes ordinaires ne sont pas devenus des statues à vénérer, des héros inaccessibles à admirer, des morts dont nous évoquerions la mémoire, mais des saints, vivants pour Dieu, par Lui, avec Lui et en Lui. Ce qu’ils peuvent nous apporter aujourd’hui encore, c’est de comprendre cette amitié unique et extraordinaire. En leur compagnie, en leur amitié, aussi bien parce que nous leur ressemblons – par nos qualités et nos défauts -, que par ce qui nous différencie d’eux, nous pouvons découvrir un chemin unique d’amitié avec le Christ. Nous pouvons apprendre d’eux comment vivre de cette amitié avec le Christ Jésus notre Dieu, comment être saint aujourd’hui, pour nous, pour l’Eglise, pour le monde.
Ce que nous cherchons dans cette amitié avec les saints c’est donc avant tout l’amitié avec le Christ. Ce n’est pas très différent de ce qui se passe pour toutes nos amitiés ordinaires. Bien souvent, nous apprenons à découvrir de nouveaux amis par un détail, un événement, une passion que nous avons en commun, ou bien encore, nous découvrons une amitié nouvelle, par un ami qui nous présente quelqu’un.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades