Ce cri est celui des disciples, montés dans la barque avec le Seigneur Jésus, et qui se retrouvent pris dans la tempête, au point que l’embarcation était couverte par les eaux. De fait, ils sont en danger, la situation est périlleuse. Et que fait le Seigneur Jésus pendant ce temps ? Il dort !
Les disciples sont dans cette situation parce qu’ils ont suivi le Seigneur Jésus. Dans l’évangile de saint Mathieu (cf. chapitre 8), ils ont été témoins les miracles de guérison et de libération qu’il a accompli. Ils étaient là quand le Seigneur a rappelé les exigences de la vocation apostolique, répondant à une personne qui lui avait déclaré « Maître, je te suivrai où que tu ailles ! ». Les disciples ont suivi, ils ont choisi de suivre le Seigneur Jésus.
Pour plusieus d’entre-eux, sans doute, ils étaient dans leur domaine, plusieurs étaient pécheurs de profession, ils avaient l’habitude de voguer et d’affronter les aléas de la navigation. Sans doute, étant dans leur domaine de compétence, ils ont pris de l’assurance, jusqu’à perdre pied !
« Lui, cependant, dormais », précise l’évangile ! Dormait-il vraiment ? Il dormait parce que les disciples avaient pris la tête des opérations, parce qu’ils l’avaient laissé de côté, parce qu’ils ne lui demandaient rien. Avant de dormir dans la barque, c’est le cœur des disciples qui s’était assoupi, qui s’était endormi à la grâce, sourd à la parole de Dieu. Dans l’évangile de saint Marc, les disciples réveillent le Seigneur avec des reproches « tu ne te soucie pas de ce que nous périssons ! ». Il est si facile de trouver des coupables, de ne pas se remettre en cause, de ne pas changer et se convertir.
En une parole, le Seigneur appaise la tempête et le calme se fait. Avec ce nouvel événement, avec ce nouveau miracle, les disciples se posent à nouveau des questions : « qui est-il donc ? ». Ils croyaient avoir compris, ils étaient sûrs d’eux, ils pensaient savoir qui était Jésus, cependant, ils n’étaient pas allé jusqu’au bout, ils n’avaient pas pris toute la mesure de la réalité de celui qui est là, ils n’avaient pas été conséquent avec leurs convictions. En pratique, si leur cœur déjà, avait commencé à croire, leur vie, leur façon d’agir n’avait pas encore changés.
C’est au tour du Seigneur Jésus de leur faire des reproches : « Pourquoi avez-vous peur ainsi ? N’avez-vous pas encore de foi ? ». C’est bien ce que leur reproche le Seigneur, de n’avoir pas laissé leur foi guider, conduire et illuminé leur vie.
Il y a bien des situations où nous pouvons avoir l’impression que le Seigneur Jésus s’est endormi, qui rien ne va plus, alors que nous pensions avoir la maîtrise de la situation, sûrs de nos compétences, de nos capacités, de notre pouvoir ; il y a bien des situations où nous avons l’impression que la tempête nous met en danger, nous fragilise et nous laisse désemparés. C’est le moment de reveiller le Seigneur Jésus dans nos cœurs et dans nos vies, de laisser la place à sa parole et à l’oeuvre de sa grâce, c’est le moment de prendre les moyens de le suivre vraiment, en paroles et en actes.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades