Avec ces paroles, les pharisiens pensent clore toute discussion, de manière définitive, en ce qui concerne Jésus. Or, l’une des caractéristiques des prophètes est précisément qu’ils peuvent surgir de n’importe où ! Aucune école, aucune administration, aucun concours pour devenir prophète, c’est le choix et le don de Dieu qui établit et envoie une personne pour être prophète, c’est-à-dire afin de porter sa Parole.
Les pharisiens, sous les apparences de la raison, de la sagesse, de la connaissance, du savoir et de la science, coupent court à toute réflexion et discussion. Typique de toute idéologie, ils veulent réduire le monde, les hommes et même Dieu, à l’idée qu’ils ont fabriquée. Et tout ce qui n’entre pas dans cette conception du monde, des hommes et de Dieu est ridiculisé, exclu, condamné. C’est le propre de toute idéologie, et celle-ci peut se rencontrer à tous les degrés de la vie en société, aussi bien dans le milieu familial que politique national ou mondial. Le prophète dérange d’autant plus que précisément, il s’oppose à l’idéologie, par sa vie.
Pas de Grandes Ecoles pour devenir prophète, en revanche, par le baptême, nous sommes tous consacrés prêtre, prophète et roi. C’est dire que les prophètes peuvent surgir n’importe où et dans n’importe quel milieu : pas de condition sociale établie, ni de diplôme, ni de condition de ressource. La seule exigence du prophète est d’être à l’écoute de la Parole de Dieu, de se préparer à accueillir sa grâce, de vivre dans la fidélité au don reçu et d’en témoigner par la parole et par les actes.
C’est à la portée de chacun de nous, parce que cela ne dépend avant tout de nous, mais avant tout du choix, du don et de la grâce de Dieu. Le temps de Carême est privilégié pour prendre la mesure de ce don, et y consentir à nouveau en célébrant les mystères de Pâques, qui renouvellent la grâce de notre baptême qui nous a établis prêtre, prophète et roi.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades