Dans l’Evangile de saint Mathieu (chap. 11), le Seigneur proclame la louange de son Père : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ;personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. ».
La connaissance de Dieu n’est pas d’abord une question de savoir, de connaissances, de science. Il en est de même pour nos relations amicales et affectives avec nos proches. Ce ne sont pas nos connaissances scientifiques, littéraires ou savantes qui font la qualité et la réalité de nos relations, mais un moment partagé, une épreuve surmontée de concert, un regard. Cela n’exclut pas les connaissances et les savoirs qui peuvent affermir et conforter ces relations, mais ce n’est pas premier.
Dans notre relation à Dieu il nous est nécessaire d’être et d’agir comme des petits. Cela ne veut pas dire d’être puérils et de se comporter simplement comme des enfants, en revanche, notre attitude de cœur, d’intelligence et de volonté, doit garder la marque de l’enfance. Cette attitude est d’abord celle de la bienveillance et de la confiance ; elle est faite de curiosité, d’attente, d’espérance ; elle est enracinée dans cet constat réaliste que seuls, nous ne pouvons rien.
Se reconnaître petit devant Dieu, n’est pas un acte d’humiliation, mais un acte d’humilité, de bon-sens et de réalisme. C’est la condition pour garder notre cœur et notre intelligence disponible pour chercher, accueillir et comprendre le don de Dieu, ce que Dieu veut nous révéler, nous dévoiler, nous donner.
Cela se réalise et se vit d’abord dans la prière. Bien sûr, même dans la prière, nous avons la tentation de faire, d’agir, d’accumuler les lectures, les formules, les prières, comme si tout dépendait de nous. Toutefois, en prenant du temps, en laissant le temps à notre cœur et notre intelligence de s’apaiser, de baisser les armes, alors nous laissons la place à Dieu, et au lieu d’entendre le bruit de notre cœur et de nos pensées, nous écoutons, dans le silence, résonner la Parole de Dieu, par laquelle Lui-même se dévoile et se donne. Il faut du temps pour cela, parce que si Dieu n’a besoin que d’un instant pour tout donner, nous avons besoin de temps pour apaiser les bruits de notre cœur, de notre intelligence, de notre volonté et lui laisser sa place.
Cela se découvre et se reçoit comme un cadeau, et là plus encore, nous avons besoin d’avoir un cœur d’enfant, capable de se réjouir avec reconnaissance et enthousiasme du don qu’il reçoit.
Abbé Bruno Gerthoux
curé de Robion et des Taillades