Ah ! Il a bon dos saint Thomas ! Qui n’a jamais entendu quelqu’un dire : « je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! » ?
L’évangile de ce samedi nous faisait entendre à nouveau, pour sa fête, le passage qui a rendu célèbre cet apôtre. Saint Thomas pose des exigences qui pourraient paraître de bon-sens, rationnelles, pragmatiques. Mais ce qui est au cœur de sa démarche, ce n’est pas cela, au contraire, c’est une position précisément irrationnelle et qui n’est pas de bon-sens : « non ! Je ne croirai pas ! ».
En fait, nous ne croyons jamais ce que nous voyons ! Ce que nous voyons avec nos yeux, ce que nous percevons avec nos sens, ce que nous mesurons, pesons, observons, disséquons n’est pas l’objet de foi, mais le résultat d’un constat... pragmatique, de bon sens, rationnel !
Saint Thomas a entendu le témoignage des autres apôtres qui ont vu le Seigneur. Mais il refuse de croire. Pourquoi ? Ne partagent-ils pas la même foi ? N’ont-ils pas vécu les mêmes événements ? Ne sont-ils pas solidaires dans la même situation ? Et cependant, Thomas ne veux pas croire !
Lorsqu’à son tour, il voit le Seigneur Jésus ressuscité, il s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Comme pour les autres apôtres, ce qu’il voit, c’est un homme, avec les blessures marqués dans sa chair. C’est ce qu’il voit avec ses yeux, et cependant, avec son cœur, dans la foi, il confesse « mon Seigneur et mon Dieu ». Et ce qu’il confesse ne dépend pas de ses sens, mais de son cœur, de sa foi, de cette relation unique personnelle et intime avec le Seigneur.
« Heureux ceux qui croient sans voir » nous enseigne le Seigneur. Nous sommes concernés par cela, nous qui avons entendu le témoignage des apôtres, qui chaque dimanche nous rassemblons à l’appel du Seigneur, qui le voyons se faire reconnaître à nous dans la fraction du pain : nos yeux voient du pain et du vin, mais dans la foi, nous pouvons aussi nous exclamer et professer : « mon Seigneur et mon Dieu ! »
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades