Les récits de l’Evangile qui nous transmettent les témoignages de la Résurrection du Seigneur Jésus sont très significatifs. Il y a de nombreux témoins de la Résurrection du Seigneur Jésus, à commencer par le témoignage saisissant de Marie-Madeleine. Ce n’est pas une impression qu’ils ont eu, mais ils ont vu de leurs yeux, le Seigneur Jésus, ils l’ont reconnu à certains signes, à des paroles, à des gestes (comme la fraction du pain pour les disciples d’Emmaüs). Ils ont fait l’expérience concrète et tangible de sa présence avec eux. Et toutefois, lorsqu’ils viennent dire ce qu’ils ont vu à leurs compagnons, dont les Apôtres, ces derniers ne les croient pas. Ils ont du mal à comprendre, à accepter, à croire. Et en effet, la foi, n’est pas une évidence ou une simple démonstration mathématique. Mais ils insistent : « nous avons mangé et bu avec lui », et ce n’est pas une impression, mais une réalité, même s’ils ne sont pas nécessairement à même de tout expliquer.
Le philosophe Gustave Thibon définissait la foi ainsi : « la foi consiste à ne jamais renier dans les ténèbres ce qu’on a entrevu dans la lumière ». J’aime bien cette définition. En effet, dans la foi, avant tout, nous « entrevoyons » une réalité dans la lumière. Or, pour entrevoir dans la lumière, il ne suffit pas de comprendre avec l’intelligence, il faut comprendre aussi avec le cœur. J’aime cette définition de la foi, parce qu’elle prend en compte d’autres réalités humaines, et pas seulement des réalités religieuses. C’est vrai, en particulier de l’amitié. L’amitié ne se prouve pas par une formule mathématique, mais elle est « entrevue dans la lumière » à l’occasion d’une rencontre, d’un regard, d’un événement. Et parce que cette expérience est forte, réelle, qu’elle touche le cœur et change la vie, elle est capable de résister aux épreuves et aux doutes.
Par ailleurs, la foi implique un combat, qui est avant tout un combat contre soi-même. La tentation est toujours forte, là-aussi, de repousser ces réalités positives et lumineuses entrevues, dans les ténèbres négatives. Ces ténèbres, se sont parfois nos intérêts d’un moment, un prétendu rationalisme rassurant qui cache mal nos peurs, nos actes et nos paroles qui contredisent et combattent parfois ce que nous avons de plus précieux. Là aussi, cette définition de la foi, s’applique à d’autres domaines de notre vie humaine, dont l’amitié.
La foi n’est pas un « pack religieux tout compris », au contraire, elle nous implique dans tout ce que nous sommes, dans toutes les dimensions de notre être et de notre vie.
La Résurrection du Christ n’est pas une idée à comprendre et à expliquer, mais une réalité à vivre et dont nous devons témoigner. Le premier signe de la Résurrection du Seigneur Jésus, celui qui permet, précisément de nous mettre à la recherche du Christ Ressuscité, c’est le tombeau vide, et selon l’invitation des anges à la Résurrection, il ne faut pas chercher parmi les morts celui qui est vivant.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades