Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : « passons sur l’autre rive », et ils le suivent. Ils quittent la rive de leurs sécurités, de leur quotidien, de leurs habitudes. Cette invitation du Seigneur, pour chacun d’entre-nous, est un encouragement à avoir de l’audace dans notre vie de foi. « Celui qui n’avance pas, recule » nous enseigne la sagesse populaire, et c’est bien sûr vrai aussi pour notre vie de foi.
Cela implique que nous nous mettons dans une situation plus vulnérable, parce que nous abandonnons nos sécurités, nos certitudes, nos habitudes. Sur la mer, une violente tempète survient qui met en danger l’équilibre de leur esquif. Alors survient aussi une tempète dans leurs cœurs, dans leurs esprits, dans leurs âmes. Devant le danger, ils s’inquiètent, ils paniquent et font des reproches au Seigneur Jésus. Devant leur propre impuissance et dans la fièvre de leur angoisse, ils ne trouvent rien de mieux à faire que de faire des reproches au Seigneur Jésus. Elles ne manquent pas ces situations où devant notre incompétence, nos peurs et nos erreurs, nous accusons les autres de notre propre incurie.
Or, l’Evangile précisait « qu’ils emmenèrent Jésus, comme il était ». Ils l’emmenèrent, mais ils l’ont oublié, délaissé, ignoré jusqu’à ce que la situation devienne plus inquiétante, et non pas pour lui demander son aide, mais pour lui reprocher de ne rien faire. Ils avaient l’impression qu’il dormait et ne se souciait pas d’eux et de leur situation. N’est-ce pas plutôt qu’ils ne lui ont pas laissé la place, qu’ils ont pensé pouvoir d’abord s’en sortir tout seul, sans aide, sans son aide ? Lorsque nous avons l’impression que le Seigneur dort, qu’il n’agit pas, qu’il n’intervient pas, c’est bien souvent parce que nous ne lui laissons pas sa place, ni dans notre cœur, ni dans notre vie.
Etonnement, les mêmes qui lui reprochaient de ne pas intervenir, de ne rien faire, sont les mêmes qui, « saisis d’une grande crainte » sont surpris que le Seigneur puisse commander au vent et à la mer pour les appaiser ! Nous manquons bien souvent de foi et d’espérance, parce que nous oublions de laisser sa place à notre Seigneur.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades