Si la politesse est une forme de justice due au prochain, la courtoisie en est l’expression la plus excellente, sublimée par une délicate charité. Saint François de Sales exhortait ainsi Celse-Bénigne de Chantal : « Je vous recommande la douce et sincère courtoisie qui n’offense personne et oblige tout le monde, qui cherche plus l’amour que l’honneur ».
Si nous sommes capables, dans notre quotidien, de saluer même des personnes que nous ne connaissons pas, et plus encore, de prendre un soin attentif à exprimer ainsi notre affection à ceux qui nous sont chers, la prière peut être cette courtoisie que nous avons à l’égard de Notre Dieu, pour lui exprimer notre amour, notre attention et lui confier nos préoccupations et intentions.
Nous sommes capables, dans nos relations sociales, par des gestes, des attitudes, notre tenue physique aussi bien que vestimentaire, de manifester notre respect et notre sollicitude aux personnes, de solenniser et célébrer événement. Nous pouvons être capables de déployer autant d’attention, de délicatesse et de courtoisie lorsque nous célébrons notre Dieu. Le culte public rendu à Dieu est certes avant tout dans la liturgie, mais nous y prenons part avec tout ce que nous sommes humainement.
La politesse et la courtoisie nous conduisent à prendre du temps pour écouter et être attentifs aux personnes qui s’adressent à nous, livrant leur cœur, confiant leurs soucis et leurs joies. C’est aussi une politesse et une courtoisie de prendre les moyens d’être attentifs à la Parole de Dieu, lorsque nous participons à la messe.
Nous savons prendre les moyens d’être à l’heure, même pour prendre un train, et plus encore, à ne pas descendre du train avant son arrêt complet, ainsi que nous le rappellent les agents lors de nos voyages. Imaginez-vous arriver en retard à un rendez-vous, sans vous excuser, et partir avant la fin du rendez-vous ! La personne qui vous reçoit serait sans doute au moins blessée, sinon humiliée par cette attitude. N’est-ce pas aussi une courtoisie encore plus nécessaire que d’être à l’heure et de ne pas partir avant la fin, lorsque nous sommes à la messe ? Un adage, attribué à Louis XVIII, dit que « l’exactitude est la politesse des rois », mais par notre baptême, ne sommes-nous pas « prêtre, prophète et roi » ?
Ces choses peuvent paraître simples, et pourtant, c’est aussi à travers ces petites choses que se manifeste et se vit notre foi, d’une manière concrète et humaine.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades