C’est la conséquence évoquée par saint Luc, après le miracle de la guérison d’un lépreux par Notre Seigneur. Il est tellement facile de parler ! Chacun peut donner son avis, son opinion, son sentiment, ses idées, son interprétation... Certes, cela fait du bruit, mais au bout du compte, que reste-t-il ? Comme me disait quelqu’un il y a peu, à propos d’une autre personne : « il parle beaucoup, surtout lorsqu’il n’a rien à dire ! ». C’était peu charitable, mais assez juste ! Or, non seulement on parlait de plus en plus de Jésus, mais les foules « accourraient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ». Assurément, ceux qui parlaient de Jésus avaient des paroles qui portaient et qui touchaient au cœur.
Après avoir guéri ce lépreux, le Seigneur lui ordonna de ne le dire à personne et ajouta : « va plutôt te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit : ce sera pour tous un témoignage ». Ce qui est important, c’est que ce lépreux fait l’expérience d’une guérison, d’un purification, d’un libération : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier » s’était-il exclamé ! Ce qui est au cœur de son témoignage c’est la guérison de son cœur, son acte de foi et d’espérance, malgré tout. Aller se montrer au prêtre, c’est accepter de ne pas se focaliser sur le miracle lui-même, mais sur ce qu’il dévoile et Celui qu’il révèle : la guérison du cœur et de l’âme par le Christ Jésus. Cette guérison, cette prière du lépreux, cette expérience, c’est dans le sacrement de la réconciliation que nous pouvons, nous, le vivre aujourd’hui.
En effet, ce qui touche les cœurs, ce n’est pas simplement le miracle, la guérison miraculeuse, le spectacle qui pourrait n’attirer que les curieux ; ce qui touche les cœurs, c’est le témoignage du cœur. Ce lépreux guéri et libéré de son mal, témoigne de sa rencontre avec le Seigneur Jésus, de cette rencontre personnelle et intime où l’on fait l’expérience de cet amour unique qui nous comble, en prenant conscience de notre péché au moment même où l’on est délivré et libéré de celui-ci.
Je regrette que beaucoup trop de chrétiens soient aussi demeurent réticents à parler de leur relation personnelle, de leur propre Histoire Sainte, de leur cœur-à-coeur avec Dieu. Et ce faisant, demeurent prisonnier et esclaves de leur péché. Pour ma part, dans mon histoire personnelle, ce qui a touché mon cœur, ce qui m’a permis de découvrir le Seigneur et d’accueillir sa grâce et de répondre à son appel, c’est précisément le témoignage de ceux qu’Il a mis sur mon chemin. Bien sûr, il y a les saints, en particulier les bienheureuses martyres d’Orange, mais aussi combien de chrétiens, de prêtres qui ont joué un rôle par le témoignage qu’ils ont rendu au Christ Jésus, par leurs paroles et leurs vies.
Ce ne sont ni des valeurs, ni une histoire, un patrimoine ou une culture que nous avons à défendre, comme si nous étions les membres d’une association de protection du patrimoine. Ce dont nous avons à parler c’est de Celui qui nous fait vivre, c’est notre vie et nos paroles qui peuvent conduire au Christ, et c’est ainsi que les foules pourront accourir au Christ pour l’entendre, Lui, et se faire guérir par Lui et la grâce de ses sacrements.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades