A la lecture de l’éditorial de la semaine passée, une personne m’a posé la question suivante : « Pourquoi dire que la grâce est invisible ? Le Christ n’est-il pas cette grâce ? ». Alors, je voudrais poursuivre ma réflexion de la semaine dernière pour la préciser. Je remercie cette personne pour sa question posée, tout d’abord parce que c’est le signe d’une foi curieuse et vivante, ensuite, parce que cela m’a permis d’approfondir moi-même ma foi.
En effet, en Notre Seigneur Jésus-Christ, la grâce de Dieu s’est manifestée, s’est donnée en sa personne, en ses paroles, en sa vie, en ses actes. C’est ce qu’affirme saint Jean dans sa première lettre (4, 7-8) : « Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés ». C’est cela la grâce de Dieu, le don de son amour, par lequel il se donne lui-même, pour nous faire vivre, en nous délivrant de nos péchés.
C’est bien ce qu’ont reconnu les premiers disciples, dans la vie, les actes et les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils ont reconnu ces signes annoncés par l’Ancien Testament, qui s’accomplissent dans ses paroles et ses actes, qui donnent la vie et libèrent du péché. Tous les sacrements - les sept sacrements de l’Eglise - sont ces gestes de Notre Seigneur, qu’il a accomplis, qu’il nous a transmis, qu’il nous a laissés, pour continuer, aujourd’hui, à recevoir sa grâce, en agissant parmi nous.
Il y a trois sacrements qui font un chrétien : baptême, confirmation, eucharistie. Par le baptême, plongés dans l’eau au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, selon le commandement du Seigneur, nous sommes plongés en Dieu, et par là, libérés et lavés de tout péché, de tout ce qui nous sépare et nous éloigne de Dieu. Par la confirmation, comme les apôtres et les disciples, à Pentecôte, nous recevons l’Esprit-Saint, promis par Notre Seigneur, pour vivre notre vie de chrétien, être de véritables témoins et disciples. Par l’Eucharistie, célébrée en mémoire de lui, selon son commandement, nous recevons la nourriture quotidienne qui peut nous faire vivre, parce qu’elle est le sacrifice de sa vie, le don de son amour.
Il y a deux sacrements de guérison : la réconciliation et le sacrement des malades. Ils ne manquent pas les exemples dans la vie de Notre Seigneur où il guérit et pardonne les péchés. Ce sacrement, en reprenant les paroles de Notre Seigneur, renouvelle la grâce du baptême. Par le sacrement des malades, comme Notre Seigneur, nous prions pour les malades, ceux dont la vie est fragilisée par l’âge ou la maladie. Comme lui, par cette prière, les péchés sont pardonnés, et parfois, la guérison du corps est accordée.
Il y a deux sacrements pour la vie et la mission de l’Eglise : le sacrement de l’ordre, le sacrement du mariage. Par le sacrement de l’ordre (évêques, prêtres et diacres), à la suite des Apôtres, le Seigneur, le bon pasteur, continue à prendre soin de son peuple, à le conduire, à l’enseigner par l’annonce de la Parole de Dieu, à le sauver par la célébration des sacrements. Par le sacrement de mariage, c’est l’amour de Dieu qui se manifeste et se donne avec délicatesse et tendresse. La réalité créée qui ressemble le plus à ce qu’est Dieu, à qui est Dieu, c’est le mariage par lequel un homme et une femme se donnent l’un à l’autre, par amour, pour s’aimer, dans un don ouvert à la vie. Les premiers bénéficiaires de cette grâce, ce sont les époux eux-mêmes, leurs enfants, leur famille, mais aussi toute la communauté humaine.
Par les sacrements, le Seigneur Jésus ressuscité au milieu de nous, continue à faire son œuvre à agir. Dieu se met à notre portée, à la portée de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, de notre faiblesse et de nos péchés. Par les sacrements, notre vie chrétienne prend corps. Elle n’est pas une idée, une simple appartenance ou des vélléités, par les sacrements, elle se réalise et s’accomplit par le contact concrèt et tangible avec Notre Seigneur Jésus-Christ, qui par ces sacrements se donne par sa grâce.
Par les sacrements, Dieu est à notre portée, et nous plaçons, nous établissons nos vies et ce que nous sommes en sa compagnie et intimité, dans un cœur-à-coeur.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades