Lorsque le Seigneur s’adresse ainsi les pharisiens, ce n’est pas simplement pour leur faire peur ou pour les menacer, mais au contraire pour les exhorter et remettre les choses à leur place. Dieu connait nos cœurs, en effet, comme des parents connaissent le cœur de leurs enfants, comme des amoureux connaissent leurs cœurs, comme des amis connaissent le cœur de leurs amis, et non pas à la manière d’un juge. Cela ne doit ni nous inquiéter, ni nous faire peur, mais au contraire nous encourager et nous affermir.
Comme les pharisiens, nous pouvons avoir la tentation de sauver les apparences, de nous limiter à « faire les justes » au yeux des hommes. Pourquoi ? Souvent par peur, par honte de nos limites, de nos pauvretés et de nos péchés. Au fond, cela pourrait paraître assez légitime, cependant, il y a un double écueil. Le premier c’est finalement de nous laisser nous-mêmes prendre à notre propre jeu, et croire que ce que nous laissons apparaître est la vérité ; nous tombons alors dans notre propre piège, en croyant à nos mensonges, et nous sommes dans l’illusion. Le deuxième écueil, qui en découle, c’est que ce faisant, loin d’être forts, nous sommes encore plus fragiles et vulnérables, parce que nous ignorons nos faiblesses, agissant comme si elles n’éxistaient pas, et nous leur laissons tout pouvoir. Et là, que de déconvenues, de déceptions et de blessures !
Dieu connait nos cœurs : Dieu nous aime parce qu’il connait nos cœurs, avec ses fautes et son péché. Parce que Dieu nous aime avec tout ce que nous sommes, nous n’avons pas besoin d’avoir honte ni peur de notre péché. En effet, nous ne sommes pas seuls dans le combat contre le péché. Dieu est avec nous, et son amour pour nous, c’est bien cela notre force, surtout lorsqu’il nous semble que nous sommes faibles et vulnérables. Par son amour il chemine avec nous, et ce qui nous fragilise et ce qui nous manque, est comblé par la présence de Dieu et son amour. Et ainsi, il nous délivre de notre peur, de notre honte, de nos péchés.
Dieu connaît nos cœurs, et au bout du compte, il nous connaît mieux que nous-mêmes. C’est en lui, en particulier par la prière, mais aussi par le sacrement de réconciliation, que nous pouvons apprendre à nous connaître nous-mêmes en toute vérité, sans peur, sans honte. Dieu qui connaît nos cœurs n’est pas une limite ou un interdit, mais une force et la source d’une liberté réelle.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades