Il y a peu, je discutais avec une personne qui m’affirmait combien il était important que l’Eglise s’ouvre ! Je n’en disconviens pas, toutefois, il faudrait apporter des précisions.
Ce qui est surprenant dans cette injonction, c’est que bien souvent les personnes qui la profèrent se placent à l’extérieur de l’Eglise, en face d’elle, comme un juge qui convoque un suspect au tribunal, mais un suspect qui ne bénéficierait absolument pas de la présomption d’innoncence. L’affaire est déjà entendue et jugée. Elle est comme une évidence, un postulat qui ne souffre aucun débat.
Ce qui est surprenant, c’est que ce jugement se fonde bien souvent sur l’exemple de nombreuses rencontres, notamment avec prêtres qui ont été appréciés dans leur manière de vivre la foi et d’en parler. Etrangement, ces exemples, a priori, sont considérés comme « en rupture » avec une Eglise officielle et institutionnelle. Comme s’ils n’étaient pas dans l’Eglise et s’en distinguaient. Jamais, il n’est envisagé qu’ils sont précisément l’Eglise, non pas celle dont trop de médias donne une image caricaturale. Les contre-exemples et contre-témoignages d’hommes et femmes d’Eglise, en revanche, sont toujours envisagés comme nécessairement ce que l’Eglise croit, pense et enseigne.
Bien souvent, lorsqu’on attend que l’Eglise soit ouverte, et le critère pour juger qu’elle le soit, c’est au sujet de questions sur lesquelles on pense n’être pas d’accord avec l’Eglise, sans toujours savoir exactement ce qu’elle dit et enseigne. Bien souvent, on estime l’Eglise ouverte, lorsqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est, lorsqu’elle abandonnerait ses convictions pour se conformer au monde et à la mode.
Ces positions et jugements sont souvent à court terme et à vue courte, et méconnaissent l’histoire. Celle-ci nous permet de prendre du recul et de la hauteur. Ils ne manquent pas les exemples de cette ouverture, voire d’une attitude prophétique et avant-gardiste de l’Eglise, tout au long de l’histoire. Méconnaître le passé, c’est risquer de se tromper sur le présent et hypothéquer l’avenir.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades