Les fêtes de Noël qui nous font célébrer la naissance de l’Enfant-Jésus dans la pauvreté et de le dénuement d’une étable, nous rendent attentifs, plus que jamais, dans la situation que nous traversons, à la fragilité et à la vulnérabilité de toute vie humaine au cœur de la famille.
Alors que Marie est enceinte, sous la conduite de Joseph, ils doivent partir pour Bethléem. Un homme de pouvoir, par orgueil, veut recenser le peuple qui lui est soumis. Il veut connaître et mesurer sa puissance et son pouvoir. Il n’a pas d’égard pour le bien des personnes, traitées comme du bétail. La seule chose qui l’intéresse et le fascine, c’est son pouvoir.
Plus encore, abusant de son pouvoir et de son autorité, il met la loi au service de ses desseins et leur donne un emballage, une apparence de légalité pour contraindre les hommes et femmes de son pays. Ce qui motive son action, ce n’est ni le bien - encore moins le bien commun - ni la justice, mais seulement son intérêt particulier, individuel et personnel.
Arrivés à Bethléem, la Sainte-Famille ne trouve pas de place dans les auberges, plus encore, ils ne rencontrent ni solidarité, ni compassion, ni charité. Ils sont sans doute des clients qui ne sont pas intéressants pour les aubergistes qui ont leurs établissements complets. L’argent et l’appât du gain ont raison des cœurs. Ils n’ont d’attention ni pour leur situation, ni pour leurs besoins, ni pour leur dénuement.
Que reste-t-il à cette famille, éloignée de son domicile, isolée loin de toute famille et de tout ami, sans domicile et sans moyen, dépendante de la loi ? Bien d’autres, à leur place, auraient cédé à la pression du pouvoir et du monde. Ils auraient pu céder à la peur et à l’inquiétude. Cependant, il leur reste l’essentiel, cet amour plein de tendresse et de compassion, qui les garde unis et attentifs l’un à l’autre. C’est cet amour qui leur donne la force, le courage et l’audace de surmonter les obstacles et épreuves.
Ce n’est pas pour rien que ces fêtes de Noël demeurent, heureusement, un événement familial. Les cadeaux que nous recevront à Noël mettent en évidence qu’au cœur de nos familles, c’est cet amour qui est notre force. Tout cela doit nous rendre attentifs à nos familles, quelle que soient leurs situations, et en particulier aux plus fragiles et vulnérables d’entre-nous. C’est au cœur de la famille – Eglise domestique selon l’expression suggestion de saint Jean-Paul II - que nous prenons vie, que nous apprenons à vivre et à aimer. C’est elle, la famille de sang, ou la famille spirituelle dans l’Eglise, qui nous donne force dans les épreuves, face aux obstacles et dans les situations angoissantes.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades