Dans l’Evangile de saint Luc, au chapître 18, Notre Seigneur enseigne les disciples par une parabole « sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager ».
Notre Seigneur évoque une veuve venant demander justice à un juge « qui ne craignait pas Dieu et méprisait les hommes ». Après avoir longtemps refusé de rendre justice, il finit par y consentir pour se débarrasser de cette veuve importune à ses yeux. Et le Seigneur de conclure : « Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? ».
Ce juge enfermé dans son orgueil et sa prétention n’a pas besoin de Dieu. Sûr de son pouvoir, il méprise les hommes. Il est comme une forteresse imprenable. Que peut faire cette veuve ? Seule face à son adversaire, devant un juge sans justice qui la méprise ? Sa seule force c’est son droit et sa persévérance. Dans notre vie de chaque jour, nous sommes parfois confrontés à des situations où il nous semble que Dieu est absent, des situations sans justice, sans issue à vue humaine. Dans ces situations nous sommes humainement démunis et comme abandonnés, seuls, désarmés. La tentation peut être grande de fait, de baisser les bras, d’abandonner le combat, de laisser la victoire à l’injustice.
La persévérance – jusqu’à l’obstination – dans la prière est un recours. Ce n’est pas un lot de consolation pour échapper à la réalité, mais au contraire le moyen à la fois d’affermir notre cœur dans le bien et la justice, et de trouver les moyens de les faire triompher. La prière n’est pas magique, elle nous implique dans tout ce que nous sommes et ce que nous faisons ; elle nous dispose à reconnaître et à trouver les moyens, les ressources que Dieu nous donne en nous-mêmes et en ceux qui nous entourent. Même si nous pouvons avoir parfois l’impression, dans un premier temps, qu’elle est sans efficacité, cependant la persévérance dans la prière est déjà une victoire.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades