Il y a quelques temps, lors d’une confession, une personne évoquait ces péchés qui n’étaient qu’entre Dieu et elle, comme si ces péchés étaient moins importants. Au-delà de la formule maladroite, il y a toutefois quelque chose qui n’est pas complétement faux.
Je disais à cette personne que ce qui fait que le péché est un péché, et que de ce fait il est toujours grave, c’est qu’il porte atteinte à notre capacité d’aimer et d’être aimé, et que par là, non seulement il nous blesse en affectant en nous la ressemblance à Dieu, il blesse notre relation à Dieu, parfois jusqu’à la briser et qu’ainsi il atteint aussi Dieu.
D’une manière identique, notre péché atteint aussi notre relation aux autres, et là, bien souvent, il est plus manifeste. Non seulement il se voit et se mesure, mais comme il nous atteint aussi dans notre dignité parfois jusqu’à la honte, nous en prenons plus facilement conscience. Il nous semble alors plus facile de le regretter, de regretter le mal que nous avons fait et de vouloir nous en corriger et réparer ce mal.
Il arrive aussi que le péché conduise au scandale, celui dont Notre Seigneur dit « malheur à l’homme par qui le scandale arrive ». Le scandale nait du péché, ajoute encore au péché, lorsque celui qui le commet s’enferme et persévère dans son péché, en voulant l’ignorer, le justifier, l’expliquer. « Il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer ». Ces paroles peuvent paraître dures, elles tranchent avec les paroles habituelles de miséricorde de Notre Seigneur, et cependant, elles nous font prendre conscience de la gravité du scandale.
Le scandale vient d’un mot grec qui signifie « obstacle ». Il y a scandale lorsque notre péché devient un obstacle dans notre relation aux autres, dans notre relation à Dieu, lorsqu’il devient un obstacle pour les autres dans leur relation à Dieu. Le péché n’est jamais seulement entre Dieu et moi.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades