Je regardai, il y a quelques jours, une image humouristique, où un homme devant son ordinateur, s’adressait à son épouse en disant : « Mes amis, sur internet, qui étaient expert en météorologie et en politique, sont devenus subitement experts en épidémiologie ». Nous sommes assaillis de messages qui viennent parasiter les messages officiels : internet, radios, chaînes de télévision, sms, emails, conservations en tout lieu... Chacun a son idée, chacun a son explication, chacun a sa solution. Tout cela n’aide pas à y voir clair, et assurément cette cacophonie ne contribue pas à apporter de la sérénité. Malheureusement, ce phénomène qui prend une ampleur particulière avec de possibles conséquences dramatiques en ces temps de menace épidémique, n’est pas absent de notre vie quotidienne ordinaire.
D’un côté, je constate trop souvent que la diffusion sauvage de ces messages contradictoires et péremptoires, conduit de nombreuses personnes à s’ériger en spécialistes de choses et réalités qu’elles ne maîtrisent pas. Elles viennent ajouter de l’angoisse à l’inquiétude, de la panique à l’urgence, et là où devraient dominer sagesse et prudence, la folie et finalement l’imprudence prennent le pas. En effet, cette démesure dans l’urgence, qui conduit à la panique, porte bien souvent à produire l’inverse de ce qui est attendu et recherché.
D’un autre côté, j’entends des personnes qui réagissent à cette emballement, par une forme d’insouciance et ne veulent plus écouter ni entendre, vont jusqu’à minimiser la réalité, douter des informations, à soupçonner des complots ou des mensonges, et se défient des mesures de prudence et de bon sens.
Cela pourrait être aussi une tentation dans la foi ! Or même dans une démarche de foi et d’espérance – comme je le soulignais la semaine dernière – nous ne pouvons nous dispenser de ces mesures de bon sens, ne serait-ce que par charité pour le prochain. Ce n’est pas manquer de foi que d’avoir du bon-sens, au contraire. Ce n’est pas se défier de Dieu Créateur et Sauveur et de sa grâce, que de prendre au sérieux sa création et d’y rechercher les occasions de la grâce.
In medio stat virtus, nous enseigne la sagesse des anciens. Ce n’est pas de la tiédeur, ce n’est pas un manque de foi, au contraire.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades