Si le temps de l’Avent est par excellence celui de l’espérance, il n’y en aura pas eu, jusqu’à cette période, qui aura été aussi d’actualité et éprouvant en la matière, et qui nous aura aussi bien préparé à l’espérance.
L’Avent est une période d’attente, à l’image et à la suite de celle du Peuple de Dieu qui attendit la réalisation des promesses que Dieu lui avait faites. Une attente, quelle qu’elle soit, est toujours longue, parce qu’on en connait ni le terme, ni l’issue, et par suite, elle est faite d’incertitudes et d’épreuves.
Aussi, s’il y a une vertu nécessaire et adaptée, c’est bien celle de la patience. Selon ce que dit saint Paul, la patience est la compagne de l’espérance (cf. Rm 8, 25). Or la tentation est grande, lorsque le temps se fait long, que les incertitudes s’accumulent avec les difficultés et épreuves qui y sont attachées, de réagir impulsivement. En agissant sans réfléchir, sans mesure, sans sagesse on peut se donne la vaine illusion que l’on est maître de ce temps, que l’on peut en accélérer l’issue et ainsi rompre cette période.
La patience implique donc un certain renoncement, une purification du cœur, de l’intelligence, de la volonté. Notre cœur, souffre, dans son impatience d’être comblé. Notre intelligence est mise à l’épreuve, par ce que la situation échappe à notre compréhension. Notre volonté est mise en échec, parce que les choses ne se déroulent pas comme nous le voudrions ou l’avions prévu. Au cœur de la patience il y a aussi de la souffrance, mais celle-ci, assumée et dépassée, est purificatrice et peut porter du fruit.
Pour autant, loin de nous plonger dans une passivité résolue, cette période d’attente dans l’espérance doit être active. S’il faut renoncer, non sans douleur, à pouvoir en hâter l’issue, en revanche, il faut activement se préparer. il est nécessaire d’employer utilement et de manière féconde cette période opportune. Renoncer à agir par nous-mêmes, c’est aussi un acte de foi, un acte de confiance en Dieu, parce que « rien n’est impossible à Dieu ». Cette attente est un temps de préparation active, tournée vers l’avenir, tournée vers Dieu. Par elle, il faut prendre le temps de voir, de regarder, d’écouter, de méditer, de réfléchir. Par elle, nous nous rendons attentifs aux signes que Dieu nous donne, à la Parole qu’Il nous annonce. C’est dans le secret de la terre, que le grain germe caché du regard, et que se prépare la plante qui portera du fruit. C’est dans le silence que se préparent le poids de paroles.
Espérer, c’est laisser à Dieu sa place dans notre vie ; c’est écouter et consentir à la Parole de Dieu ; c’est la foi en action.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades