La solennité du Christ, Roi de l’Univers, prend cette année une dimension toute particulière, alors que tout semble bouleversé dans notre vie et notre quotidien.
Cette fête a été voulue et établie par le pape Pie XI, en 1925. La date en a été fixée au dernier dimanche d’octobre, avant la Toussaint, et, dans la forme ordinaire du rite romain, elle est désormais fêtée le dernier dimanche du temps liturgique dit Ordinaire, c’est-à-dire celui qui précède le 1° Dimanche de l’Avent, lequel inaugure une nouvelle année liturgique.
Face aux conflits dans le monde, devant la progression de l’athéisme public, dans une contexte de laïcisme, de relativisme et de développement de formes vagues de religiosité, le pape voulut affirmer à nouveau la royauté du Christ. Elle n’est pas simplement une image ou une analogie, elle est une réalité pour notre vie humaine et donc pour notre vie en société, dans toutes ses dimensions.
Le pape Pie XI écrivait, réagissant à la vue des calamités qui touchaient le monde : « que ce débordement de maux sur l’univers provenait de ce que la plupart des hommes avaient écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique ». Il rappelait que si la royauté du Christ est avant tout spirituelle, sur les intelligences, les volontés et les cœurs, elle devait aussi concerner le monde dans lequel nous vivons, dans toutes ses dimensions et toute sa réalité, comme une conséquence et un fruit de cette royauté spirituelle.
Face aux conséquences non seulement de la menace de l’épidémie, mais aussi des moyens que nous prenons pour la limiter, nous constatons combien nous sommes désabusés. En fait, nous prenons conscience que notre monde et notre société, qui se croyaient tout-puissant par leurs moyens techniques, par leurs ressources financières, sont désarmés, et plus encore que nos moyens sont inadaptés voire inefficaces non seulement pour lutter contre cette menace, mais aussi pour établir un monde nouveau. Nous rêvons d’un monde « d’après » que nous ne cessons de vouloir établir et bâtir avec les principes « d’avant ».
Il nous est donc plus que jamais nécessaire de donner à nouveau au Christ sa place, dans nos cœurs, nos intelligences et notre volonté, et par là, lui permettre de régner dans notre vie et notre société.
Le Christ-Jésus, Dieu fait homme qui donne sa vie par amour pour les hommes et pour les sauver, nous fait prendre conscience, chacun, que nous sommes au centre, au cœur de notre vie et de notre société. Nous ne pouvons être réduits à ce que nous produisons, à ce que nous consommons, nous ne pouvons être réduits à des réalités matérielles, scientifiques ou économiques. L’être humain a une dimension spirituelle, une capacité d’aimer et d’être aimé, qui dépasse et qui est au-delà de ces considérations.
Saint Jean-Paul II rappelait dans une encyclique que l’homme ne se trouve vraiment que dans le don désintéressé de lui-même. Et il découvre et prend la mesure de cela en Jésus-Christ qui nous dit et nous montre par sa vie, qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades