Par ces paroles, le saint curé d’Ars, saint Jean-Marie Vianney, en désignant du doigt le tabernacle, exhortait ses fidèles à prendre conscience de la réalité du don qui nous est fait dans la foi. Et de répéter ces paroles : « il est là ! Il est là ! », pour dire avec simplicité la grandeur du mystère qui est dévoilé.
Un sacrement est un signe visible, tangile et efficace d’une réalité invisible. Le sacrement nous montre et nous fait comprendre par des signes sensibles, perceptible, ce que nos sens ne peuvent percevoir, mais que notre coeur peut reconnaître. Et ce faisant, il nous donne cette réalité invisible qu’est la grâce.
Dans le sacrement de l’eucharistie, le sacrement du Corps et du Sang du Christ, sous les apparences du pain et du vin, Notre Seigneur nous donne et nous livre son corps et son sang. Nos yeux et nos sens perçoivent le pain et le vin, et dans la foi, notre coeur reconnaît le Corps et le Sang du Christ. En ce sacrement, Notre Seigneur se livre à nous comme l’on fait un don à un personne que l’on aime, comme on accomplit un sacrifice par amour.
Ce don, il l’a établi lors de la Sainte-Cène, au soir du Jeudi-Saint ; ce sacrifice, il l’a porté à son accomplissement dans le sacrifice de la Croix, le Vendredi-Saint ; ce mystère, il l’a manifesté glorieusement dans la Résurrection, notamment lorsqu’il s’est fait reconnaître aux disciples d’Emmaüs à la fraction du pain. Depuis lors, les chrétiens ont été fidèles à cette « fraction du pain » devenue la messe.
Ce sacrement est celui de son amour, parce que par ce sacrement, Notre Seigneur se donne lui-même par amour. Lorsque nous aimons quelqu’un, nous souhaitons son bien, son bonheur, et nous sommes prêts à donner beaucoup pour le bien et le bonheur de ceux que nous aimons. Beaucoup seraient même prêts à donner leur vie par amour :
c’est ce qui se réalise dans le mariage, mais aussi dans le don de soi par la vie consacrée et le sacerdoce. Dans le sacrement de l’eucharistie, Notre Seigneur se donne lui-même totalement à nous, par amour pour nous.
Le sacrement de l’eucharistie n’est ni un symbole, ni un souvenir, il est la réalité visible, à portée de nos sens, de ce Dieu d’Amour, présent au milieu de nous, présent au coeur de nos vies, qui montre et donne son amour en se donnant lui-même.
Ce sacrement n’est pas un souvenir du passé, il est la manifestation actuelle, aujourd’hui, pour nous, à notre portée, de ce mystère éternel qui nous dépasse, de l’amour de Dieu, du Dieu d’Amour qui se donne.
La semaine prochaine, par la procession du Saint-Sacrement, c’est ce mystère que nous honorerons, manifestant en acte et solennellement ce qui est notre foi : Dieu est là, présent. Il est là, dans le sacrement de son amour.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades