Le Seigneur Jésus vint au Temple de Jérusalem et il en expulsa les marchands, les accusant d’en avoir fait une caverne de bandits. Ce Temple, c’est bien sûr celui de Jérusalem, c’est aussi celui dont il dit : « détruisez-le et en trois jours je le reconstruirai », en parlant de son corps, annonçant ainsi sa propre résurrection. Or, son corps mystique aujourd’hui, c’est l’Eglise, c’est-à-dire tous les baptisés. En effet, c’est par le baptême que nous devenons membre de son corps et que nous entrons dans l’Eglise. Par le baptême, nous devenons le Temple de Dieu. Ce Temple c’est aussi chacun d’entre-nous, par la présence de Dieu.
Les vendeurs et marchands se sont servi du Temple, et l’ont détourné de sa finalité, pour servir leurs seuls intérêts. Quels sont les vendeurs et marchands qui se sont installés dans ce Temple de notre coeur et qui en ont fait aujourd’hui une caverne de bandits ? Il y a bien des soucis et des préoccupations qui se sont installés dans le temple de notre cœur et qui l’ont profané en l’encombrant inutilement, jusqu’à l’épuisement voire jusqu’à la ruine, en le détournant de sa finalité, en sapant ses fondations. Nous faisons du temple de notre cœur une caverne de bandits lorsque nous perdons notre place dans notre propre vie, lorsqu’il n’y a plus de temps ni pour nous, ni pour Dieu, ni pour les autres. Il devient une caverne de bandits lorsqu’au lieu d’être le sanctuaire de l’amour et de la louange, il est encombré de préoccupations et des pensées inutiles, de jalousie, d’orgueil, d’envie, de colère... Il est une caverne de bandits lorsque nous privons Dieu de sa place dans notre cœur et dans notre vie, lorsqu’il n’est plus le « premier servi ». Et lorsque Dieu n’est plus premier servi, selon la belle devise de sainte Jeanne d’Arc, alors n’imaginons pas avoir cette place : nous avons tout perdu ! Ce temple est un temple parce que Dieu y réside, Il y demeure, et là, Il vit et Il aime. En le laissant y vivre et y aimer, nous découvrons la joie de vivre en sa présence, avec Lui, nous y apprenons combien nous sommes aimés et plus encore quelle est notre valeur dans son cœur, dans son regard. Au fond, la prière, ce n’est rien d’autre que cela.
« Il était chaque jour dans le Temple pour enseigner », nous dit l’Evangile. Ce temple où le Seigneur enseigne, c’est aussi celui de notre cœur. Le risque est grand que nous laissions le Seigneur enseigner comme on laisse la radio en bruit de fond, sans être attentif aux paroles, comme on entend, sans écouter, des personnes qui parlent. Nous rendre attentifs demande un effort non seulement d’attention, mais aussi d’amour. En effet, il y a bien des choses, des realités, des sentiments qui ne se disent pas seulement par des mots et par suite, qui se comprennent aussi avec le cœur.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades