Il y a des passages de l’évangile qui nous marquent plus que d’autres, et qui semblent toujours résonnent d’une manière nouvelle dans nos cœurs, et dévoiler toujours de nouvelles richesses. C’est le cas avec ce passage de l’évangile de saint Jean que nous avons eu ce samedi pour la messe (Jn 14, 7-14).
Dans ce passage, l’apôtre Philippe, s’adressant au Seigneur Jésus ressuscité – l’interrompant même dans son enseignement -, lui dit « montre-nous le Père et cela nous suffit ». Et le Seigneur de lui répondre : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Qui m’a vu a vu le Père ». Combien cela est toujours d’une actualité étonnante pour nous.
Nous sommes en effet comme l’apôtre Philippe. Depuis si longtemps nous sommes avec le Seigneur Jésus, par la grâce du baptême, par la grâce des sacrements, dans la célébration de la Liturgie, dans la proclamation de la Parole de Dieu, par la prière, dans la charité vécue en acte et en vérité. Nous sommes avec Lui, Il est là, présent par sa grâce et pourtant, bien souvent, nous n’y prêtons pas attention, comme si nous nous étions habitués à sa présence, il fait parti du paysage, de notre quotidien comme un accessoire. Et assurément, ces conditions particulières que nous vivons, nous en font prendre conscience.
Pire encore, comme saint Philippe, nous entendons sa Parole et cependant nous ne l’écoutons pas ! Le Seigneur ne cesse de s’adresser à nous par la proclamation de la Parole de Dieu et la célébration même de toute la liturgie, par des paroles et des signes. Il s’adresse encore à nous par les événements de notre vie, les rencontres, les témoignages non seulement des saints, mais aussi de tout chrétien, et nous n’y prêtons aucune attention. Nous regardons sans voir, nous entendons sans écouter, nous parlons sans réfléchir.
La réponse du Seigneur remet les choses à leur place : « Qui m’a vu, a vu le Père ». Toute cette période de confinement nous a permis de remettre bien des choses dans l’ordre, et revoir nos priorités, de prendre conscience de ce qui a vraiment de la valeur dans nos vies, de ceux qui comptent vraiment. Sans doute, cette période nous aura aussi permis de faire cette expérience en ce qui concerne notre foi, et de nous recentrer de cœur et d’âme sur le Christ Jésus lui-même, connu et aimé, qui est notre espérance
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades