Terrifiante décision que rapporte l’Evangile. En effet, sur les dires de quelques uns, les pharisiens et les grands-prêtres décidèrent la mort de Jésus. Comment un tel projet, comment de telles idées, comment de tels sentiments peuvent-ils naître dans le cœur et la pensée de ces hommes ?
L’Evangile nous dit que « beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait crurent en lui », et cependant « quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait ». Est-ce la peur, l’envie, la jalousie, la bêtise, la méchanceté, l’opportunisme, le désir de se faire bien voir et récompenser qui a conduit leur attitude ? Sans doute un mélange de tout cela. Sans doute, pour être sûrs d’atteindre leur but ont-ils aussi trahi la vérité, et présenté les faits sous un angle qui les arrangeait ; sans doute ont-ils aussi menti. Et cependant, ce sont leurs paroles qui ont emporté la conviction des prétendus juges !
Des juges prétendus, en effet, parce qu’il n’y a ni procès, ni jugement. Ils ne veulent voir ni les faits, ni la loi, ils n’entendent pas l’accusé, ni sa défense, ni ceux qui ont cru en lui. Ce n’est pas la justice, le droit ou la vérité qui les intéresse. Ils ne voient que leurs intérêts, leurs habitudes, leurs pouvoirs, leur gloire. La sentence est déjà portée avant tout procès, il faut adapter les faits au jugement, et non pas juger en focntion des faits. Ils ne veulent rien perdre, et préfèrent qu’un seul meure pour tout le peuple, selon la prophétie accidentelle de Caïphe.
De nos jours, à la faveur des facilités que donnent internet et la diffusion à grande échelle des médias, il est facile d’être accusé et condamné, avant tout jugement. Il y a peu de moyens pour lutter contre cette prétendue justice sans justice ni vérité. Notre Seigneur a vécu cela en silence, sans un mot, comme on met un agneau à l’abattoir, selon les paroles de la Sainte-Ecriture. Pour nous, dans la foi, il reste ce qui affermit notre espérance malgré les épreuves, la conviction de la victoire finale de la vérité et du bien, manifestée glorieusement par la Résurrection.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades