Les deux disciples d’Emmaüs (Lc 24) « parlaient entre eux de tout ce qui c’était passé » et l’Evangile de préciser « ils s’entretenaient et s’interrogeaient ». Cela pourrait passer inapperçu dans ce récit bien connu. Or, c’est le début, c’est le terreau, la base sur laquelle se déroule cet épisode et les grâces qui en découlent.
Ces interrogations et ces échanges sont essentiels et fondamentaux pour la suite. C’est la porte ouverte de leur cœur, de leur intelligence, de leur foi. Je constate trop souvent que ce n’est pas une habitude que nous avons. Nous nous sommes peut être laissés enfermer dans la routine et l’évidence, nous avons cantonné notre foi à la sphère privé, individuelle. La foi, nous semble-t-il, est une affaire privée et personnelle, où chacun se construit son univers, et se bâtit sa propre opinion. La société, l’esprit du monde, les médias nous conduisent et nous acculent à cet isolement.
Or, ces échanges et ces questions témoignent d’abord du fait que les disciples ont vécu ces événéments où ils ont été impliqués, ils ont été témoins de faits qui les ont marqués, ils ont été marqués par les paroles et les signes de Notre Seigneur. Par leurs échanges, ils mettent à l’épreuve ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu, ce qu’ils ont compris, ce qu’ils croient. Ces échanges et interrogations sont le témoignage de leur foi vive, vivante et fervente. Ils cherchent, ils veulent comprendre. Et leurs échanges les affermissent dans la foi, dans leurs convictions.
C’est bien parce qu’ils échangent et qu’ils s’interrogent que leurs cœurs se disposent à reconnaître le Seigneur Jésus ressuscité, lui qui leur ouvrira le « cœur à l’intelligence des Ecritures ». La foi n’est pas un événement magique, elle appelle notre implication totale, parce qu’elle n’est pas un fait dont nous sommes spectateur, mais un événement où se réalise la rencontre intime et personnelle avec Dieu.
Le chemin des disciples d’Emmaüs peut être le nôtre, aujourd’hui encore. Il est important que nous ayons l’audace de parler entre-nous de ce que dont nous avons été témoins, de ce que nous vivons, de ce que nous croyons. Alors, nous serons capable, à notre tour, de reconnaître le Seigneur Jésus à la fraction du pain, et d’en témoigner.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades