Lorsque j’étais au collège, en cours de sport nous faisions du volley-ball. Alors qu’un joueur pouvait avoir la balle, il criait « j’ai ! », avertissant l’équipe de son initiative, et agissant en conséquence, permettant aux autres de se positionner pour se tenir prêt pour la suite du match. Ce cri est le signe que chaque joueur est à la fois partie-prenante de la compétition, qu’il y prend une part active et responsable, mais aussi qu’il est membre d’une équipe sur laquelle il peut compter, et qui peut compter sur lui.
Aujourd’hui, non seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la société, il me semble que chacun agit plutôt en joueur-remplaçant qui serait plus un spectateur qu’un acteur du jeu. Chacun compte sur les autres, mais aucun ne semble prêt à assumer sa propre responsabilité. Pire que cela, chacun semble prêt à changer d’équipe, dans la mesure où il choisira l’équipe gagnante, en oubliant qu’une équipe ne peut gagner qu’à la condition que chacun assume son rôle, sa place, sa partie.
La période que nous venons de traverser, et celles qui semblent se profiler nous demandent une véritable remise en cause, une authentique révolution, une sincère conversion. Nous ne pouvons demeurer comme des spectateurs passifs de notre propre vie. La crise épidémique qui a dévoilé la fragilité de notre société tellement sûre d’elle, le flot parfois incohérent ou injuste des mesures sanitaires et les atermoiements des responsables publics, les moyens d’informations – traditionnels ou numériques – nous inondant d’informations contradictoires ou sensationnelles, et dans tous les cas alarmantes, nous ont fait prendre conscience que nous risquons de n’être que des sujets passifs, dépossédés de notre vie, de notre liberté, de notre avenir. Il faut prendre la balle, entrer dans le combat, s’impliquer personnellement.
C’est une nécessité, un devoir comme chrétiens de prendre notre part. Il est important que notre vie, nos paroles, notre action, notre témoignage soient à la hauteur de l’attente et de l’espérance du monde. Et cela ne peut porter du fruit dans notre société et notre vie qu’à condition que cela s’enracine dans la régularité et la fidélité d’une vie chrétienne et spirituelle, nourrie et active, dans la réalité d’une vie chrétienne communautaire réelle, visible, active.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades