Si vous êtes passés à côté du sondage sur la foi des français cette semaine, c’est que vous ne vivez pas dans la vie réelle ! Les médias en ont fait des gorges chaudes ! Moins d’un français sur deux déclare, selon ce sondage, croire en Dieu. Experts, témoignages, analyses, commentaires, interview... Nous avons, à cette occasion, entendu le meilleur et le pire.
Une fois de plus, en écoutant les arguments de ceux qui affirment ne pas croire en Dieu, décrivant le Dieu auquel ils ne croient pas, j’en ai conclu que finalement, moi non-plus, je ne crois pas à ce Dieu, à cette caricature. Je vous l’ai déjà partagé, mais il fut un temps, dans mon adolescence, où j’affirmais ne pas croire en Dieu... jusqu’à ce que je le rencontre. Bien des choses m’avaient empêché de le voir : l’idée que je m’en faisais, le portrait qu’en dressaient, notamment les médias, le témoignage caricatural que je pouvais avoir devant mes yeux, ma certitude que j’avais raison et que j’aurai le dernier mot !
Et puis, le témoignage humble, persévérant, humain et fidèle de plusieurs personnes a touché mon cœur, et levé le voile qui m’empêchait de le voir, de le reconnaître, de l’entendre, de l’aimer.
Je me souviens de la prière, avec ma grand-mère paternelle, le soir, au pied du lit, avec cette statue de Notre-Dame de Lourdes en plastique et phosphorescente – que j’ai précieusement conservée – qui fascinait l’enfant que j’étais. Je me souviens des messes du dimanche avec elle, pendant les vacances à Châteaurenard. J’aurais tellement été heureux qu’elle me voit prêtre !
Je me souviens des conversations avec deux amis, au lycée Saint-Louis à Orange, et nos débats entre-nous ou avec les religieuses de la Présentation de Marie et notre aumônier.
Je me souviens de ces prêtres qui ont marqué ma vie de baptisé et de prêtre, par le témoignage d’une humanité pleine de foi, de ferveur. Je ne citerai que ceux qui ont quitté cette vie : les abbés Hilaire et Saurel, à Bollène, Mgr Reyne à Avignon, Mgr Roucairol à Montpellier, le RP Dubayle à Lyon et bien d’autres ! J’ai aimé leur humanité, à la fois forte et pleine de vulnérabilité, leur foi pleine de conviction et de douceur. Ils ne m’ont pas enseigné une religion ou des traditions, ils m’ont conduit au Christ.
Je pense à toutes ces chrétiens, laïcs ou consacrés – comme les moniales sacramentines de Bollène -, dont le témoignage de vie et de foi, leur capacité à parler et dire simplement ce qui était le trésor de leur cœur et de leur vie, a contribué à affermir ma propre foi.
Peut-être manquons-nous de ces témoins, ou plus exactement, manquons-nous de cette audace, de ce courage qui nous permet de témoigner. Trop de personnes déclarent ne pas croire, parce qu’elles n’ont pas eu l’occasion de voir et d’entendre avec leur cœur, Celui qui touche et transfigure le cœur de tant de personnes. L’autre moitié celle qui croit, a peut-être trop tendance à être timorée et discrète. Ce sondage doit nous encourager à ne pas avoir peur, à garder confiance et à nous soutenir afin de proclamer, par nos paroles, nos vies – individuellement et communautairement -, la foi en ce Dieu d’Amour qui comble nos cœurs.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades