Toute vertu est une disposition habituelle et ferme à réaliser le bien. Par elle-même, et selon l’étymologie, la vertu est une force, parce qu’elle donne l’habitude du bien. Par les vertus, discerner, vouloir et accomplir le bien, devient une habitude ferme et habituelle. Cela devient comme une seconde nature.
Parmi les vertus humaines, la prudence est la première des vertus cardinales, avant la justice, la force et la tempérance. Le catéchisme de l’Eglise Catholique la définit comme « la vertu qui dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir » (CEC 1805). Elle est l’auriga virtutum, c’est-à-dire celle qui conduit et permet toutes les autres vertus.
A l’opposé de la prudence, la timidité ou la peur qui nous conduisent à réagir sans réfléchir, instinctivement, sans prendre la mesure des choses, de la réalité, de l’importance des menaces. La timidité ou la peur peuvent en revanche être comme des signaux qui nous indiquent précisément que nous avons besoin de prendre du temps, de réfléchir, de discerner, sans nous laisser emporter par une réaction superficielle et immédiate.
Discerner le bien, le vouloir et choisir les moyens de l’accomplir demande un engagement de notre intelligence et de notre volonté. Nous ne pouvons nous appuyer seulement sur nos impressions ou nos sentiments du moment. Plus encore, c’est dans la prudence que se réalise pratiquement et concrètement notre liberté, sans nous laisser impressionner ou contraindre par les menaces, les contraintes extérieures, voire les violences, de quelque nature qu’elles soient.
La prudence ne se décrète pas de l’extérieur, par des injonctions de faire ou ne pas faire, elle ne se détermine pas par des menaces qui nourrissent la peur, l’angoisse ou le complot, mais elle se noue dans le secret d’une conscience éclairée, c’est-à-dire qui cherche le bien de tout son coeur.
Il est sûr que la prière et la lecture de la Parole de Dieu sont plus aptes à nous aider à acquérir la vertu de prudence que nous pourraient le faire la télévision, les réseaux sociaux ou les conversations de comptoir.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades