Cette phrase est tirée de l’Evangile de la fête de Saint Matthieu. Matthieu est cet homme. Il est connu, c’est un publicain, un collecteur d’impôts. Son métier en fait non seulement un personnage public et installé, mais par son métier – pour se payer lui-même – il est réputé comme voleur, comme pécheur public. C’est bien ce qui sera reproché au Seigneur Jésus, lorsque Matthieu viendra prendre place avec lui à table.
Lorsque le Seigneur Jésus l’appelle et lui dit : « suis-moi ! », il ne regarde ni son métier, ni son péché, mais c’est l’homme qu’il appelle, avec ce qu’il est, même s’il est marqué par le péché. Ainsi qu’il l’affirmera à ceux qui le lui reprochent : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » Il n’ignore ni son métier, ni son péché, mais ce ne sont pas des obstacles pour lui. Le Seigneur ne regarde pas les apparences, il ne tient pas compte des jugements des hommes, ce qu’il voit, c’est l’homme, ce qui compte, c’est son cœur.
Pour Matthieu si son métier lui procure ses ressources, c’est aussi ce qui le condamne aux yeux des hommes, ce qui est la source de son exclusion. Et cependant, on pourrait imaginer aisément que Matthieu est attaché à son péché, parce qu’il tient à son métier, à sa situation. Au fond, il estime sa propre valeur à ce qu’il gagne. Et cependant, lorsque le Seigneur Jésus l’appelle, il le suivit, abandonnant sans regret son bureau de collecteur d’impôts, sans attention pour le regard et le jugement des hommes.
En effet, le cœur de Saint Matthieu est touché, il comprend que malgré son péché, il peut être aimé et aimer. L’appel du Seigneur Jésus, déjà, le libère. Dans son regard, dans ses paroles, il comprend la valeur et la place qu’il a dans le cœur du Seigneur Jésus. En le suivant, il ne laisse pas vaine la grâce de Dieu, en se mettant à la suite du Seigneur Jésus, cette libération devient effective, une nouvelle vie peut commencer.
Saint Matthieu entend la Parole du Seigneur, il la comprend, son cœur est touché, et en le suivant, il la met en pratique. Cette séquence entendre-comprendre-suivre est essentielle pour toute vie chrétienne. S’il manque un élément, c’est bancale, incomplet, insuffisant.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades