Après avoir réalisé quelques miracles, le Seigneur Jésus poursuivi et pressé par la foule, lui dit « il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que j’ai été envoyé ». Ni les miracles, ni les foules, ni les réussites de sa mission ne le retiennent, parce que ce n’est pas ce qu’il cherche, mais il montre dans son empressement et sa détermination, la nécessité impérieuse qui s’impose à lui de porter ce message de la Bonne Nouvelle, de l’Evangile.
Il serait si facile, compréhensible, voire légitime que le Seigneur Jésus profite des fruits de sa mission : la reconnaissance bienveillante de ceux qu’il a guéri, la satisfaction de la réussite devant ces foules qui le pressent, le réconfort de l’oeuvre accomplie ! Et cependant, cela ne suffit pas, parce que ce n’est que le début, le commencement, le prémisses de sa mission. Il ne s’arrête pas à ce qui a déjà été accompli, mais regarde toujours vers ce qu’il reste à faire. Notre Seigneur est résolument dans une attitude d’espérance.
La première raison de cette attitude, c’est que cette mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle, n’est pas simplement un travail à accomplir, une option, mais une réalité vitale : pour la garder, cette Bonne Nouvelle, et pour la garder vivante, il la faut transmettre, il faut en témoigner. Vivre la Bonne Nouvelle, vivre l’Evangile, c’est en témoigner. Or la Bonne Nouvelle, c’est que Dieu nous aime, et Jésus est en personne ce don d’amour de Dieu, il en est la réalisation, l’accomplissement.
Evidemment, ce qui est vrai pour Notre Seigneur, l’est aussi pour chacun d’entre-nous. La Bonne Nouvelle ne se limite pas à être des habitudes, de coutumes, des usages, des valeurs, des traditions bien installées, ancrées, enracinées qu’il faudrait protéger, maintenir et entretenir, comme on le ferait pour un monument historique, un mémorial. Pour nous aussi il pourrait sembler compréhensible ou légitime de profiter de ces biens reçus et de nous en contenter.
Ce faisant, nous ne serions pas totalement fidèles à l’Evangile. Pour transmettre la foi, il faut annoncer la Bonne Nouvelle, pour l’annoncer il faut en vivre, pour en vivre, il est nécessaire de faire cette rencontre personnelle, individuelle et intime avec le Christ Jésus Notre Seigneur, et cette rencontre ne se limite pas à un rendez-vous, par hasard, de temps en temps, quand l’envie ou les circonstances nous y poussent.
« L’amour du Christ nous presse » affirme ailleurs saint Paul, parce que c’est au quotidien que cette présence doit être vécue. La vie chrétienne est comme une amitié avec le Christ, et plus encore ! Elle doit être nourrie, vécue, entretenue, fidèle, persévérante, constante, parce que c’est ainsi que se révèle, vit et se donne cette amitié, parce que c’est ainsi que le Christ peut prendre sa place dans nos vies.
Ce n’est qu’en annonçant la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire en vivant l’Evangile avec le Christ, que notre vie chrétienne est une réalité vivante qui peut toucher nos cœurs et transformer nos vies, sans nous laisser envahir par des préoccupations ou des sources qui risquent de nous éteindre.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades