Un épisode de la vie de saint Martin est marquant. Soldat romain, il rencontre un pauvre à Amiens et lui donne une partie de son manteau pour le couvrir. L’histoire raconte que c’était le Christ sous les traits d’un mendiant qui bénéficia de la charité de saint Martin. Ce simple geste a non seulement marqué la vie de saint Martin, mais l’a aussi changée et finalement ce geste fut le résumé, la pierre de fondation sur laquelle s’est édifiée sa vie et son œuvre, en particulier d’évangélisation. Devenu moine, il fut choisi pour être évêque de Tours, et tout ce qu’il fit, au cours de sa vie, lui valut d’être appelé « l’autre apôtre de la Gaule », puisqu’il sema et permit à la foi chrétienne de s’enraciner en notre pays, notamment dans les campagnes.
C’est à ce geste de charité, généreux et spontané, marque d’un cœur qui est capable d’aimer en acte et en vérité que nous devons revenir. Notre foi ne peut se satisfaire du confort illusoire d’une prière. Si notre prière ne nous conduit pas à déborder, à agir, à œuvrer, à donner, c’est peut-être que cette prière n’est pas vraiment tournée et enracinée en ce Dieu qui est Amour.
La « charité du Christ nous presse » affirme saint Paul. Si nous faisons vraiment l’expérience de cet amour de Dieu pour nous, dans la prière, dans les sacrements, par sa grâce, alors ce feu qui nous est donné ne peut que se répandre et dépasser les frontières de notre confort et de nos habitudes.
Le Christ Jésus lui-même nous l’enseigne : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous serez reconnus comme mes disciples ». Nous ne pouvons passer à côté de cela. Assurément, la situation actuelle pourrait nous conduire à désespérer – aussi bien dans le monde que dans l’Eglise - , or précisément, je pense qu’elle doit nous conduire à revenir à l’essentiel, à ce qui est fondamental et vital. Nous ne pouvons pas nous payer de mots, fussent-ils des enseignements, des justifications ou des explications. Un geste, en acte et en vérité, peut être plus éloquent que d’interminables discours
abbé Bruno Gerthoux
curé de Robion et des Taillades