Le Concile Vatican II, dans sa Constitution sur la Sainte Liturgie, abordant la promotion de la participation active des fidèles, précise « on observera aussi en son temps un silence sacré ».
Cela peut nous surprendre dans une première lecture rapide et superficielle, parce qu’il peut nous sembler que le silence s’oppose à la participation active. Cela pourrait être vrai si l’on confondait la participation active avec la seule notion d’activité, au sens de faire ou de produire quelque chose. Par ailleurs, le texte du Concile qualifie ce silence de sacré, pour le distinguer d’un silence qui ne le serait pas.
Le silence sacré dont il est question, loin de s’opposer à la participation active, en est comme le fondement, le cœur, la condition. Sans le silence, qui la prépare et l’environne, notre participation risque de n’être qu’une activité extérieure qui ne concerne pas notre cœur. Ce silence est qualifié de sacré, aussi bien parce qu’il nous conduit à Dieu, mais aussi parce qu’il touche à ce qu’il y a de plus sacré en nous : notre âme, qui nous fait ressembler à Dieu, notre capacité d’aimer et d’être aimés, qui fait que nous sommes, chacun, uniques.
Entrer dans le silence, c’est prendre le temps de regarder, plus que de voir ; d’écouter plus que d’entendre ; d’être, plus que de faire. Le silence dans la liturgie, n’est pas un moment d’attente passive ou un intermède mais au contraire l’opportunité de faire que notre participation soit véritablement active, c’est-à-dire qu’elle concerne tout notre être. Comme si le silence nous alertait que quelque chose d’important se réalise. Ce silence nous conduit à agir d’une autre manière, à voir et comprendre ce que nous entendons, ce que nous voyons avec plus de profondeur, à nous l’approprier et nous y associer en vérité et non pas seulement extérieurement, matériellement, techniquement.
Lorsqu’on prend le temps d’y réfléchir, cela paraît si évident ! Nous en faisons l’expérience presque quotidiennement, lorsque nous prenons conscience qu’un geste, un regard, une présence nous en disent plus, en touchant notre cœur, que de longs discours d’explication !
C’est ce silence qui est présent en la Vierge Marie, lorsqu’il est précisé dans l’Evangile que Marie « gardait ces événements et les méditait dans son coeur ». Ces événements don il est question auraient pu paraître anodins, anecdotiques, sans importance. Or cette simple mention du silence sacré de la Vierge, nous conduit à les relire, à les revoir. Avec la Vierge-Marie, à sa suite, à son école, suivant son exemple, nous prenons conscience de la grandeur du mystère dont nous sommes témoins.
Et cela a de l’importance non seulement pour notre participation au sacrifice eucharistique, mais aussi pour toute notre vie, jusque dans ses réalités les plus simples et ordinaires. Il peut être si facile de n’être que des spectateurs passifs de nos vies, pire d’être seulement des victimes des événements de nos vies.
Saisissons cette opportunité et cette grâce du silence.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades