Le Seigneur, dans une parabole (cf. Luc 14, 1,7-11), nous exhorte : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : “Cède-lui ta place” ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : “Mon ami, avance plus haut” » La question fondamentale est de savoir ce qu’est cette première place dont il s’agit.
La première place à laquelle le Seigneur nous demande de renoncer est celle que nous aurions tendance à choisir de nous-mêmes, selon nos critères, les critères du monde, celle que nous pourrions nous attribuer nous-mêmes, selon ce que nous estimons être nos mérites et nos qualités, selon le jugement que nous avons de nous-mêmes, en fonction du regard des autres. De ce point de vue, nous risquons de nous tromper, voire d’apparaître au mieux comme vaniteux, au pire comme hypocrites !
En revanche, le Seigneur nous invite à attendre l’invitation du maître, lui qui va nous appeler « mon ami », et qui nous attribuera notre place, unique, faite pour nous. Il s’agit de recevoir cette place comme un don, comme une grâce. Et cette place, avant d’être physiquement localisable, est celle que nous avons dans le cœur du maître, qui précisément nous appelle « mon ami » ! Cette place, cette première place est dans le cœur de Dieu, à l’image de la place du disciple bien-aimé qui a posé sa tête sur la poitrine du Seigneur.
Or, cette place est pour chacun de nous. Nous sommes tous appelés à recevoir cette place unique : « il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père, et je vais vous préparer une place ». Marie est la première à recevoir cette place unique dans le cœur de Dieu, et ce faisant, elle nous ouvre la voix. Si nous ne sommes pas à l’abri de perdre la place que nous nous serions attribuée nous-mêmes, dans notre plus grande confusion. En revanche, les dons de Dieu sont sans repentance !
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades