Au-dessus du tambour d’entrée de l’église de Robion, le tableau de la Remise du Rosaire à S. Dominique et Ste Catherine de Sienne – qui devrait être restauré dans les mois à venir – nous offre une occasion de mieux comprendre cette prière du rosaire ou chapelet.
Selon la tradition, la prière du chapelet sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, aurait été inspirée à saint Dominique, fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs ou Dominicains, au XIII° siècle. Il eut recours à cette prière notamment dans la lutte contre l’hérésie cathare, en particulier dans les combats suscités par la diffusion de cette hérésie. Tout au long de l’histoire de l’Eglise, cette prière fut un recours dans les moments difficiles, les menaces, aussi bien contre la santé que contre la foi. Elle fut un secours puissant lorsque l’Europe fut menacée dans sa foi par les troupes turques, à la bataille de Lépante le 7 octobre 1571. C’est à la suite de cela que le pape saint Pie V, en 1573, institua la fête du Rosaire.
Avec ses 150 je vous salue Marie, cette prière est calquée sur les 150 psaumes de la Bible, qui nourrissent la liturgie mais aussi rythment la vie de prière des moines et religieux. Selon la tradition, dans les monastères, les moines illétrés et ceux qui ne pouvaient prendre part à l’office à l’église, récitaient les 150 ave maria du Rosaire, comme une prière plus facile, plus accessible.
C’est une prière simple, moins répétitive qu’insistante et persévérante. Il s’agit d’une prière simple qui est à la portée de tous, et qui peut-être priée en toute circonstance et en tout lieu. Le mot rosaire, qui veut dire couronne de roses, peut nous conduire à offrir ces « ave maria » comme on offre un bouquet de roses.
Il peut paraître difficile à la fois de prier les « ave maria » et de méditer sur les mystères de la vie de Notre-Seigneur. En fait, il s’agit de le vivre non pas comme un exercice de réflexion ou d’étude, mais comme une promenade dans les événements et les mystères de la vie de Notre-Seigneur, en tenant la main de la Vierge-Marie, pour nous laisser conduire par elle, pour voir ces événements et les garder dans notre cœur. Lorsqu’on visite un lieu, on ne s’attache pas à tout connaître, à tout savoir sur l’histoire, la conception, les détails techniques, mais notre regard se laisse saisir par la beauté. C’est ainsi qu’il faut entreprendre la prière du chapelet.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades