La prière est le moyen que nous est donné pour être en relation avec Dieu. Elle est un acte du cœur, qui peut utiliser des paroles, des gestes, des lieux pour favoriser cette attitude par laquelle nous nous préparons et nous disposons à cette relation. Elle ne se limite ni à ces paroles, gestes et lieux, ni à l’attention ou concentration que nous pouvons avoir. Comme dans toute relation, elle dépend aussi de l’Autre, qui en l’espèce, est Dieu.
La prière peut revêtir différentes formes : demande de pardon, louange, action de grâce, méditation, silence ou paroles, demande et intercession. Quelle que soit la forme, elle s’enracine dans une réalité humaine, une expérience vécue, une disposition du coeur. Elle ne met pas de côté ou entre parenthèses notre humanité, au contraire elle est au cœur de ce que nous sommes humainement, avec nos préoccupations, nos qualités et nos défauts, notre espérance et notre foi. Elle s’y enracine. Quoi qu’il en soit, elle est toujours un acte de charité et d’amour qui nous unit à ce Dieu « qui est Amour ».
Or, si la prière est avant tout un acte gratuit, cependant, nous abordons souvent la prière sous l’angle de l’utilité, de l’efficacité, pour répondre à un besoin ponctuel, une attente, un espoir. Et de ce point de vue, il nous semble être souvent déçus, parce que « ça ne marche pas ». Or, que cherchons-nous alors, sinon la résolution d’un problème ? Nous attendons de la prière qu’elle fonctionne comme un acte magique ou comme un distributeur automatique.
Que pouvons-nous attendre ? Si nous ne pouvons attendre la résolution de problèmes, en revanche, nous pouvons espérer des voies de solution. Cela se passe comme lorsqu’on parle avec un ami de nos problèmes ; l’ami n’a pas nécessairement les moyens de régler notre problème, en revanche, il peut nous aider à voir clair, à prendre de la hauteur, à prendre conscience de nos ressources et qualités, et par là, nous conduit à trouver des solutions et par suite à résoudre nous-mêmes nos problèmes.
La prière, parce qu’elle est une relation avec Dieu, comme on peut l’avoir avec un ami, appelle de notre part un engagement, une présence, une disponibilité, une volonté. Par suite, elle ne peut être simplement un recours exceptionnel dans des situations qui nous échappent, mais une disposition habituelle, une habitude vertueuse, une façon même d’être et de vivre.
Nous entrons dans la prière, comme on dit bonjour à un ami, par une prière de louange gratuite. Nous y avançons par l’action de grâce qui nous fait voir ce qu’il y a de beau, de bon, de vrai y compris dans les choses et les événements les plus ordinaires de nos vies. Nous y progressons avec réalisme dans la demande de pardon, en nous reconnaissant pécheurs, et par suite, sans nous laisser être accablés ou anéantis par nos faiblesses, mais en étant libérés par la miséricorde de Dieu. Nous nous y épanouissons dans la demande et l’intercession, qui ouvre nos cœurs à l’amour des autres, et où nous découvrons dans le regard et l’amour de Dieu les voies de solutions auxquelles nous pouvons collaborer.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades