La résurrection de Notre Seigneur n’est pas une évidence. Tout d’abord, elle n’était ni attendue ni espérée par les disciples. Certes le Seigneur leur avait annoncée, mais ils n’avaient pas vraiment compris ce dont il parlait, et pire que cela, il avait cru comprendre et du coup n’avaient pas posé de questions. La seule réalité qui s’est imposée à eux, comme une évidence, terrible et douloureuse, ce fut sa passion et sa mort. Il est au tombeau et celui-ci est fermé. Tout est fini.
Elle n’est pas une évidence, si bien que ce qu’ils ont vu d’abord, ce sont des signes, des indices, des traces qui les ont laissé perplexes et désorientés : le tombeau ouvert et vide, les linges posés là, des hommes vêtus de blanc ou des anges – selon les évangélistes – qui le disent vivant. Même le témoignage des femmes qui disent l’avoir vu vivant ne semble pas les convaincre.
Elle n’est pas une évidence, parce que lorsqu’il est là, au milieu d’eux, ils ne le reconnaissent pas tout de suite. Aurait-il changé d’apparence, d’enveloppe corporelle ? Non pas, puisqu’ensuite, à ses paroles, à ses gestes, à ses miracles, aux blessures à ses poignets et à son côté, ils réalisent que c’est bien lui. Cependant, à plusieurs reprises, les évangiles nous rapportent que certains avaient du mal à le croire.
Ce n’est pas une évidence, puisqu’alors qu’un passage de l’évangile nous dit « qu’ils savaient que c’était lui », précise encore, « mais ils n’osaient pas lui demander son nom » ! Cependant, il y a une conviction que les disciples affirment à l’envie : « nous avons mangé et bu avec lui » !
Si la résurrection n’est pas une évidence qui s’impose à nous comme la mort, elle est une conviction qui est d’autant plus forte qu’elle appelle la réponse de tout notre cœur, de tout notre être, de toute notre âme. L’évidence passe, mais la conviction demeure, et celle-ci nous conduit aujourd’hui encore, à rechercher les signes, les gestes, les miracles, les blessures témoins de sa miséricorde par lesquels le Seigneur Jésus ressuscité se manifeste encore à nous.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades