Il n’est pas rare d’entendre ou de constater le souci des fidèles face à la solitude du prêtre. Toutefois, ils se préoccupent souvent d’une solitude qu’ils imaginent ou qui est la leur, mais qui a peu à voir avec la réalité. Cela me rappelle un dialogue d’un prêtre avec un fidèle : « - N’est-ce pas difficile la solitude ?, et le prêtre de répondre – si bien sûr, il est tellement difficile de trouver les moyens d’être seul ! ».
Le prêtre est seul à l’autel, où il offre le sacrifice pour son peuple. Cette solitude, c’est celle de Notre Seigneur à la Cène, à Gethsemani, à la Croix, devant la mort. C’est le solitude de tous ceux qui s’engagent et se donnent. Elle est toujours éprouvante, toutefois elle peut être vécue dans l’amour, parce qu’elle est un don. Cette solitude est vécue dans la foi, par le Christ, avec Lui et en Lui.
Le prêtre est seul à l’autel, mais il est entouré. Même lorsqu’un prêtre célébre la messe tout seul, sa communauté est là, présente, à son cœur, dans sa prière. Le prêtre a une famille, ou plutôt il en a plusieurs : sa famille de sang, sa communauté, ses frères prêtres, ses amis. En cela, même lorsqu’il est seul, il n’est jamais isolé. Dans le visage et la vie de chacun, dans la foi, il reconnaît le Christ.
Il y a toutefois une solitude plus éprouvante : celle de son ministère, de l’apostolat, de la mission. Elle est éprouvante, lorsque le confessionnal est vide, lorsqu’on a l’impression de n’être pas écouté, lorsqu’on a l’impression d’être utilisé comme un simple prestataire de service voire un vacataire, lorsqu’on a le sentiment d’être mis à l’écart et jugé. Mais cette pauvreté peut être aussi vécue dans la foi, même lorsque notre prière ressemble à celle de notre Seigneur au jardin des Oliviers : « mon âme est triste à en mourir ! » ou à la croix « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Le plus difficile n’est pas le travail que nous avons à faire, mais celui que nous ne pouvons pas accomplir !
Le prêtre vit des solitudes, comme chacun, elles sont simplement différentes.
abbé Bruno Gerthoux
curé de Robion et des Taillades