C’était à Jérusalem ! Le passage de la première lecture de ce samedi, tirée du Livre des Actes des Apôtres (6, 1-7) ne m’a pas laissé indifférent.
Oui, c’était à Jérusalem, il y a plus de 2000 ans : passé glorieux, idéal, témoin de la ferveur des origines, qui pourrait presque apparaître comme légendaire ! Ainsi, nous nous contenterions d’écouter, avec admiration, mais sans plus nous poser de question. Or, pourquoi le nombre des disciples se multipliait-il fortement ?
Ce passage du Livre des Actes des Apôtres évoque l’institution des Sept pour les service de la Parole en qui l’Eglise reconnaît les premiers diacres. Et ce qui a conduit à cette institution c’est une récrimination des disciples de langue grecque contre les disciples de langue hébraïque à propos d’avantages supposés des uns par rapport aux autres. Le passé semble dès moins idéal qu’il n’y paraît, n’est-ce-pas ? Nous ressemblons bien à cette première communauté chrétienne : récriminations, critiques, médisances, envies, jalousies, égoïsme... Assurément, ce n’est pas cela qui a conduit le nombre des disciples à se multiplier fortement.
En instituant les Sept pour répondre à un besoin concrét, afin d’assurer un service juste et équitable des tables dans la communauté, les Sept ne se sont pas limités à cela, puisqu’ils ont aussi, assumé le service de la Parole. Nous pouvons rester spectateurs, consommateurs ou nous établir comme « critique » extérieur de la communauté, ce faisant, nous nous en excluons nous-mêmes pour une part, et nous nous privons des grâces qu’elle communique, en privant la communauté des grâces dont nous pourrions l’enrichir !
Il y a quelques années de cela, j’avais posé la question « faut-il un curé à Robion ? ». J’avais reçu beaucoup de réponses qui exprimaient le besoin individuel de chacun d’avoir un curé. Tout cela n’était pas faux, ni illégitime. Il manquait une réponse : « que puis-je faire, moi, pour qu’il y ait toujours un curé à Robion ? ». Il essentiel et vital que nous nous convertissions, pour passer d’une vie chrétienne dont nous ne serions que des spectateurs ou des consommateurs, à une vie chrétienne dont nous sommes partie-prenante, acteurs, « pierres vivantes », selon la belle expression de saint Pierre dans sa première épître.
La participation de chacun à la vie de l’Eglise, à la vie de la communauté chrétienne, est le premier témoignage qui est à la portée de chacun. Chacun nous avons des charismes, des grâces, des qualités (humaines, spirituelles, techniques...) que nous pouvons mettre au service de tous ; chacun, nous pouvons, au sein de cette communauté, bénéficier de ces richesses communes et porter témoignage dans ce monde. La vie chrétienne, la vie de l’Eglise est bien plus qu’une simple association, fut-elle à but religieux.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades