Les textes de la liturgie de la messe, en particulier les oraisons, mais aussi la prière eucharistique, nous rappellent que la messe est un sacrifice. Nous associons peut être à ce mot des images ou des réalités que nous ne retrouvons pas a priori dans la célébration de la messe, et cependant, elle est un vrai sacrifice qui a un place à part, et qui est unique.
Laissant de côté des images toutes faites ou caricaturales, tentons de comprendre ce qu’est ce sacrifice de la messe. La première chose à comprendre, c’est qu’un sacrifice est un don fait par amour. On pourrait prendre comme synonyme le mot de cadeau : lorsqu’on fait un cadeau à quelqu’un, c’est par amour pour la personne que nous le faisons, et cependant cela implique aussi un renoncement. Pour acquérir le cadeau, il faut prendre du temps, il faut prendre sur nos biens. Ce cadeau a un coût, il coute ! C’est ce qui est le cœur de tout sacrifice : il implique une démarche volontaire et consciente, le don d’une réalité en vue d’un bien supérieur.
Ce sacrifice, Notre Seigneur l’a institué au cours de la Sainte-Cène, au soir du Jeudi-Saint. En disant aux disciples : prenez et mangez, ceci est mon corps... prenez et buvez, ceci est mon sang, Notre Seigneur donne à ce geste non seulement un sens (qui ne serait que symbolique) mais une valeur toute différente. Ce n’est pas du pain et du vin qu’il offre symboliquement, mais son corps et son sang, en vérité, ajoutant « ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». Il manifeste ainsi la liberté consciente et volontaire du don qu’il réalise. Ce sacrifice est consommé dans le sacrifice de la croix : son corps et son sang livrés la veille, sont livrés en sa mort sur la croix : « tout est consommé... en tes mains, je remets mon esprit ». Tout ne s’arrête pas ainsi, mais en sa résurrection le Père manifeste que ce don est agréé, que ce sacrifice est reçu, et il manifeste sa gloire.
Certes, ce sacrifice prend une forme particulière, celle d’un repas – mais le repas de Pâque -, que le Seigneur nous confie comme un mémorial : « vous ferez cela en mémoire de moi ». Toutefois, ce sacrifice ne se limite pas à être un seul repas, et dans ce repas sacré qui est un sacrifice, il y a tout à la fois l’oblation du Jeudi-Saint, la consommation sanglante du Vendredi-Saint et la manifestation glorieuse du Ressuscité du Dimanche de Pâques. C’est pour cela aussi que les disciples sont capables de reconnaître le Seigneur Jésus à la « fraction du pain ».
C’est en ce sacrifice unique, éternel et parfait du Christ, que nos propres sacrifices d’aujourd’hui prennent leur place et son revêtus de sa puissance et de sa force. C’est Par Lui, avec Lui et en Lui que nous pouvons offrir au Père, dans le feu de l’Esprit-Saint des sacrifices capables de lui plaire.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades