Le 9 juillet, nous célébrions la fête des bienheureuses religieuses martyres d’Orange, qui firent partie des 332 victimes de la Commission populaire d’Orange, qui en deux mois, exerça sa triste mission. L’actualité de leur histoire et de leur martyre, comme l’enseignement à en tirer, m’est apparu avec une acuité nouvelle.
Elles vivaient, avant la Révolution, dans une société où, malgré les difficultés propres à chaque époque, tout se déroulait normalement. Les plus jeunes étaient entrées au monastère et avaient prononcé leurs vœux quelques années seulement avant les troubles révolutionnaires. Rien ne laissait présager ce qui allait se passer.
Puis, une loi survint, obligeant les religieux à prêter un serment de fidélité à la Révolution, qui, allant contre leur conscience, les conduisait à renier ce qui leur était le plus cher.
Une autre loi vint interdire les vœux religieux. Au nom de la liberté – ou tout au moins de leur conception de celle-ci -, les révolutionnaires ont voulu leur dénier cette liberté de croire, de conscience et de donner leur vie par amour.
Une autre loi décida la fermeture et la confiscation des biens des religieux, sans doute au nom de l’égalité. Puisqu’il ne suffisait pas d’interdire les vœux, et que malgré la prétendue liberté qu’on leur imposait, ces femmes poursuivaient fidèlement leur vie consacrée, il fallait fermer leurs maisons et leur retirer tout moyen de poursuivre leur vie.
Une loi encore, après avoir constaté que, malgré tout, ces femmes continuaient leur vie consacrée hors de leurs monastères, et avec les moyens du bord, elles furent déclarées ennemies de la Révolution et arrêtées.
Au nom de la loi, elles furent jugées sommairement, mais avant tout procès, en dépit des faits et de preuves contraires ou l’absence de preuve, elles étaient déjà condamnées.
Tout au long de ce processus, prétendant lutter contre le fanatisme, cachés derrière la loi, un véritable fanatisme idéologique a conduit ces ennemis de la liberté.
Si le fanatisme religieux utilise et asservit Dieu à ses fins, le fanatisme révolutionnaire s’est caché, lui, et a utilisé la loi. Dans tout fanatisme, la première victime est la personne humaine, quel que soit son âge, son état, sa situation.
Loin de répondre au fanatisme qui les condamnait par avance, par un fanatisme religieux, les bienheureuses martyres d’Orange nous ont donné l’exemple d’une vie toujours plus enracinée dans la foi, manifestée par une charité fraternelle héroïque dans les situations les plus difficiles, resplendissante d’une espérance pleine de douceur, qui anéantissait les prétentions des fanatiques. Dans l’adversité, il ne suffit pas de lutter contre ses ennemis, mais il s’agit de prendre les armes de la foi.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades