Le pape Paul VI avait employé cette expression dans une homélie en 1972 en disant « les fumées de Satan, qui par une fente, sont entrées dans l’Eglise ». En ce mois d’octobre où notre pape François nous invite tout particulièrement à lutter contre le démon, je voudrais méditer cette expression qui ne concerne pas que l’Eglise.
Le mot Satan vient d’un mot hébreu qui veut dire l’ennemi. Quel est l’ennemi, pour l’Eglise ou pour tout homme ? Que sont ces fumées ennemies et que réalisent-elles ?
Ces fumées sont celles qui peuvent nous voiler le regard et nous masquer la réalité, touchant ainsi notre intelligence, notre capacité de voir, de reconnaître, de comprendre la réalités, les événements et les hommes. Ces fumées, ainsi, affectent notre discernement et notre bon sens. Les utilisateurs des réseaux sociaux, mais aussi beaucoup trop de journalistes, semblent affectés par ces fumées ennemies, recherchant plus facilement le sensationnel qui fait vendre ou stygmatise, à la réalité, à la vérité, à la justice.
Les fumées peuvent affecter notre respiration, devenir étouffantes. Ces fumées dénaturent ainsi nos rapports sociaux et humains. Parfois les différences sont mises en exergue, surévaluées, prennent trop de place dans nos rapports, jusqu’à opposer les hommes par leur race, leur culture, leur religion, leur genre... Notre prochain, loin d’être vu comme un frère, avec la richesse de ses différences, devient étouffant, comme s’il nous menaçait. Parfois, cette opposition nous conduit à chercher à nier la différence, voire à chercher à la supprimer, pire encore à supprimer celui qui est différent : le genre, la culture, les défauts, la maladie, le handicap...
La fumée peut être aussi une vapeur enivrante. Plus que notre discernement, c’est notre capacité d’aimer et d’être aimé qui est touchée et blessée. Nous sommes dans l’illusion, l’idéologie, le fantasme, la phobie, la psychose, le rêve ou plutôt le cauchemar.
En tout cela, le réalisme de la prière fidèle et constante, l’écoute aimante de la Parole de Dieu, sa grâce qui se donne dans les sacrements dans notre quotidien, tout cela qui porte du fruit dans une charité attentive au prochain, en un mot une fidélité aimante au Christ au quotidien, voilà les premières armes du combat contre Satan, propres à dissiper ses fumées. C’est vrai pour notre vie dans l’Eglise, mais aussi, par suite, dans toute la société.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades