Judas était du nombre des Douze choisis par le Seigneur Jésus pour être avec lui et les envoyer prêcher. Il avait la confiance du Seigneur et des autres Apôtres, il a été appelé et il a répondu à cet appel. Il a partagé la vie, l’espérance de tous ceux qui ont suivi le Seigneur Jésus, et cependant, il l’a trahi, le livrant aux soldats, il a trahi les Apôtres.
La confiance, il l’avait, lui qui était chargé de la bourse commune. Sans doute était-il un homme plein de ressources et de qualités humaines, de sens pratique et de bonne gestion. Peut-être a-t-il été grisé, ébloui et aveuglé par cette confiance, par ce pouvoir, par cet argent, par ses propres qualités. Et ce qu’il aurait pu mettre au service de tous, pour le bien de tous, il a fini, par orgueil et égoïsme, par vouloir le faire servir à ses seuls intérêts propres.
En livrant le Seigneur Jésus aux soldats contre de l’argent, il voulait contraindre le Seigneur Jésus à se révolter. Là où il aurait dû être serviteur, il a voulu être le maître. Alors qu’il aurait dû écouter, patienter, comprendre, il a voulu prendre la direction et l’initiative des opérations. Il a voulu se servir du Seigneur Jésus afin de réaliser ses propres plans, suivre ses propres objectifs. Et cela, il l’a fait aussi, pour de l’argent.
Le geste par lequel il livre le Seigneur Jésus, le désignant aux soldats, est un baiser : le signe de son amitié, un témoignage de confiance. Par là, il a détourné et perverti ce geste, et ce faisant, il manifestait aussi son mépris pour celui qu’en embrassant, il livrait comme coupable.
En constatant que les choses n’allaient finalement pas comme il l’aurait souhaité, loin de se repentir, de reconnaître ses fautes, ses erreurs, son péché, il se suicide. Ce n’est pas un acte de repentir, mais un geste lâche, un acte de trahison même envers la miséricorde de Dieu.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades