La prière du Notre Père a été donnée aux disciples qui sollicitaient le Seigneur : « apprends-nous à prier ! » Plus qu’une simple formule à savoir et à répéter, il s’agit d’un enseignement même sur la prière. Il n’est pas inutile de le rappeler, et de nous redire aussi ce qu’est la prière alors que le Carême nous invite à prendre plus de temps pour cela. Il s’agit de la préparer, de s’y préparer, de prendre plus de temps dans notre journée, mais aussi de lui accorder une meilleure place dans nos vies.
Lorsque nous prions, nous nous adressons au Père : « Notre Père ! » Nous ne disons pas seulement Père ou mon Père, mais Notre Père. Nous ne prions jamais seuls, parce que nous sommes comme des enfants qui s’adressent avec tendresse et confiance à leur Père, et nous le faisons en Eglise, ensemble, unis à nos frères, aux saints.
Les premières demandes sont adressées au Père, et cela met en évidence qu’avant tout, la prière est louange gratuite, comme on aime à dire à quelqu’un qu’on aime, qu’on l’aime. Tout geste, toute parole, toute attitude souligne cela. Cela nous rappelle que la première cause, la première raison de prier, c’est l’Amour. C’est au Dieu d’Amour que nous nous adressons, c’est en réponse à son Amour que nous le prions, c’est par Amour que nous prenons le temps de le faire, c’est pour recevoir encore son Amour que nous nous disposons à prier, c’est en aimant et en l’aimant que nous prions. La prière est une acte d’amour simple et gratuit. Rien de plus simple, non ?
La demande de pain quotidien souligne que la prière est supplication, demande, intercession pour les besoins de notre vie et de notre monde. Savoir demander ce qui nous est nécessaire pour vivre - et pas seulement la nourriture - c’est aussi en avoir conscience, en prendre la mesure. Pas de honte en cela, au contraire : de l’audace ! C’est aussi garder en mémoire la nourriture que Dieu nous donne et par laquelle Il se donne lui-même en nourriture pour nous, par Amour, dans le sacrement de l’eucharistie.
La prière est aussi une demande de pardon, où la miséricorde que nous recevons est liée au pardon que nous donnons. L’un et l’autre sont liés, comme les deux faces d’une même réalité. Reconnaître son péché, c’est avant tout, reconnaître dans la confiance et l’espérance celui qui est source de toute miséricorde, c’est se disposer à la libération, au pardon, à la guérison.
Enfin, lorsque nous disons « et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal », la prière se fait humble et mendiante. Prenant conscience de notre fragilité, de notre vulnérabilité, nous mesurons aussi que seuls nous ne pouvons rien. Nous avons besoin des autres, nous avons besoin de Dieu. Cette dernière demande nous rend attentifs à ceux que Dieu nous donne comme instruments et serviteurs de sa grâce et de son amour, pour ne jamais nous laisser seuls. C’est aussi par les sacrements que Dieu nous donne sa grâce, pour ne pas nous laisser seul face à la tentation et au Mal. Dans cette demande, nous implorons son aide et nous préparons à recevoir sa grâce.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades