Saint Pierre est peiné lorsque pour la troisième fois le Seigneur lui pose cette question. On peut le comprendre, et on le serait à moins. Toutefois, dans cet échange, dans ce dialogue se dévoile toute la grandeur et la beauté du sacerdoce.
Par le baptême, nous sommes consacrés prêtre - pour offrir le monde à Dieu -, prophète, - pour annoncer en parole et en acte la Parole de Dieu - et roi - pour conduire ce monde à la saintété et au salut. En outre, parmi les baptisés quelques uns, à la suite des 12 apôtres, sont consacrés à un titre particulier pour être prêtres au service de ce Peuple de Dieu, pour le sanctifier par les sacrements, le conduire comme des pasteurs, l’enseigner par l’annonce de la Parole, continuant l’oeuvre même du Seigneur Jésus au milieu de son peuple.
Si ces paroles peuvent nous concerner tous, comme baptisés, parce qu’elles concernent saint Pierre à un titre singulier, elles s’adressent aux prêtres à un titre particulier. Et en effet, toute notre vie de prêtre consiste à répondre à cette simple question « m’aimes-tu ? ».
C’est parce que saint Pierre a répondu à ces questions que le Seigneur Jésus lui confie le soin du peuple de Dieu : « sois le pasteur de mes brebis ». La mission et le ministère particulier que confie le Seigneur ne sont pas liés à des questions de compétence ou de technique, mais avant tout à un choix de vouloir suivre et servir le Seigneur.
Pour cela, il fallait aussi que saint Pierre pût franchir ces trois étapes, comme une réponse à ses trois trahisons au jour de l’arrestation du Seigneur Jésus. Il était nécessaire que saint Pierre prît conscience de son péché, de ses limites. Il fallait qu’il pût recevoir cette mission avec humilité.
Sur ces mots, le Seigneur Jésus lui dit « suis-moi ». Il s’agit bien de cela en effet : suivre le Christ, vivre en sa compagnie, poursuivre son œuvre, servir sa grâce, prendre soin de son peuple.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades