En ce beau mois de mai, le plus beau des mois de l’année, l’Eglise honore la très Sainte-Vierge-Marie. Nous connaissons bien des titres sous lesquels elle est invoquée : Notre-Dame de Lourdes, de Saint-Garde, des Anges, l’Immaculée Conception... Parmi les titres que donnent les litanies de Lorette, il y a celui de Turris Eburnea : Tour d’Ivoire !
Bien loin du sens que cette expression a pu prendre dans un langage familier, ce titre prend sa source dans la Sainte-Ecriture, dans le livre du Cantique des Cantiques dans l’Ancien-Testament. Dans ce texte poétique, l’union de Dieu à l’humanité est comparée à celle d’un homme et d’une femme, du Bien-Aimé et de la Bien-Aimée, parce que cet amour entre un homme et une femme est l’image la plus juste de ce qu’est Dieu dans l’ordre de la Création.
Le Bien-Aimé, pour dire son amour à la Bien-Aimée, avec des paroles imagées et poétiques, proclame sa beauté en disant : « Ton cou : une tour d’ivoire. Tes yeux : les vasques de Heshbone à la porte de Bath-Rabbim, et on nez comme la tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas » (Ct 7, 5). La beauté de la Bien-Aimée, c’est la beauté de toute âme, de l’Eglise et en premier lieu, de la Vierge-Marie, âme choisie et premier accomplissement et réalisation de l’Eglise.
La tour est une place forte pour se protéger des ennemis. Ainsi, l’Eglise, par la Vierge-Marie, est pour chacun de nous cette place forte, ce refuge dans les dangers, par lesquels nous sommes forts contre les ennemis. En elle, nous trouvons le repos et la paix. Ce qui est la force de cette tour, c’est l’amour et la grâce de Dieu avec elle.
Cette tour s’élève hautement vers le ciel. Comme les clochers des églises montant vers le ciel semblent nous montrer le chemin qui conduit à Dieu, la tour nous fait lever les yeux et les cœurs vers Dieu, nous y conduit, et nous accompagne sûrement sur cette route.
Parce qu’elle est haute, cette tour nous permet de prendre de la hauteur et nous permet de nous élever au-dessus de la pauvreté, de la douleur et des épreuves de la vie. Comme Marie, à Cana, a dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! », l’Eglise par son enseignement de la Parole de Dieu, et par les Sacrements, nous donne les moyens surnaturels d’élever nos cœurs et nos âmes, de les éclairer et nourrir, pour les affermir dans la foi et l’espérance.
Cette tour est faite d’ivoire, précieux et solide, symbole de pureté par sa blancheur. Cela met en évidence qu’il ne s’agit pas seulement d’une banale tour, mais l’image de nos âmes, dans leur beauté et pureté, malgré le péché, lorsqu’elles sont sous le regard et dans la grâce de Dieu.
Invoquer Marie, tour d’ivoire, c’est lui demander d’être pour nous ce refuge dans le danger, d’être auprès de nous pour nous conduire à Dieu, de garder nos cœurs et nos vies dans la vigilance et la vertu, de nous faire comprendre et mesurer la valeur et le prix de chacun de nous aux yeux de Dieu.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades