Dans la nuit, avec toutes ces illuminations dans les rues des villes et villages, magasins et maisons, l’obscurité est constellée de mille lueurs qui font briller nos yeux et nos cœurs. Tout cela donne à cette période quelque chose de féerique, de magique, comme un rêve ! Or, c’est mieux qu’un rêve, plus qu’un rêve. Avec ces constellations de lumières, c’est le ciel qui semble être sur terre ! Ces lueurs sont comme autant d’anges qui nous visitent, comme celui qui parla à saint Joseph en songe, et nous préparent à accueillir leur message.
L’ange, s’adressant à saint Joseph, lui dit : « ne crains pas de prendre chez toi Marie ». Il lui a fallu un peu de temps pour comprendre ce message, accueillir ce don de Dieu, vivre cette mission. Nous prenons nous aussi ce temps en préparant la crèche. Ce n’est pas seulement ou simplement une tradition familiale, au-delà, c’est un acte de foi. C’est un moyen pour nous aussi d’accueillir la Vierge et son divin fils, comme un don de Dieu, comme une mission qui nous est confiée. En préparant nos crèches, nous préparons nos cœurs, nous nous préparons à accueillir le Sauveur, à écouter sa Parole, à le suivre, à lui laisser une place – sa place – dans nos vies.
Elles sont plus qu’une représentation de la Nativité, plus que ce que nos mains peuvent réaliser, plus que ce que nos yeux peuvent voir, « puisque cet enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ». En effet, c’est ainsi que notre Dieu manifeste sa présence modestement, avec délicatesse et simplicité : « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Nous avons nous aussi à reconnaître dans la simplicité et le dénuement de la crèche, la splendeur de la beauté et de la générosité du don de Dieu, qui nous sauve par amour en nous donnant son Fils.
L’évangile de saint Mathieu (1, 18-24) nous enseigne encore : « Joseph ... fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». Comme lui, en préparant nos crèches et les fêtes de Noël, nous préparons nos cœurs à écouter, et à écouter avec attention, la Parole de Dieu, pour la comprendre, la suivre, y obéir et la laisser porter du fruit.
C’est sur ce chemin de pèlerinage que sont nos santons. Chacun semble avoir laissé sa maison et son travail. Chacun apporte un présent : ce qu’il a fait, ce qu’il a créé ou produit, ce qu’il a préparé, cueilli ou récolté. Ils nous montrent ainsi, en se dirigeant vers l’étable, que toutes nos vies sont consacrées à Dieu, comme une réponse d’amour au Dieu d’amour qui se donne à nous. Chaque santon nous montre et nous ouvre ce chemin qui conduit au Christ, même le ravi, qui n’a rien d’autre à offrir que sa joie et son émerveillement !
C’est mieux qu’un rêve ! Alors, en route !
.Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades