Je me souviens avoir visité une synagogue à Marseille, il y a quelques années. C’était un peu avant la Pâque, et je fus très impressionné par le soin attentif et méticuleux apporté par les fidèles à nettoyer ce lieu de culte, pour en retirer toute saleté et trace de ferment. Ne devrions-nous pas avoir le même soin attentif, et plus encore s’agissant de notre âme, de retirer de notre vie tout ferment de péché ?
Prendre soin de notre âme, c’est déjà un témoignage rendu à Celui qui en est le Créateur, qui nous a créés à son image et ressemblance, capable d’aimer et d’être aimés. Or, le péché abîme, blesse voire détruit cette image et ressemblance et affecte notre capacité d’aimer et d’être aimés. Cela mérite que nous prenons les moyens de combattre et vaincre le péché. Il ne s’agit pas de lui donner plus de force ou de poids que l’Amour et la Grâce de Dieu, mais d prendre conscience des conséquences qu’il peut avoir.
Il peut être si facile de s’y habituer, de composer avec, de l’ignorer ou de le relativiser. Ce faisant, nous en sommes encore victimes, et plus encore les esclaves. Aussi, le meilleur moyen, la meilleure voie pour en délivrer notre âme, c’est de le voir avec les yeux de la miséricorde de Dieu.
Mais il faut pour cela oser la miséricorde ! Bien sûr, nous la voulons la miséricorde, pour nous-mêmes, pour les autres, dans nos relations humaines, et cependant, j’ai l’impression que dans notre relation à Dieu, nous n’osons pas, comme si nous n’y croyons pas !
Ce qui doit orienter notre cœur dans cette démarche, la lumière qui doit nous éclairer, le feu qui doit nous enflammer, c’est cette conviction de la miséricorde de Dieu pour nous, cette miséricorde infinie évoquée dans le canon romain à la messe. Comme le fils prodigue, il faut nous jeter dans les bras du Père plein de miséricorde. Faire l’expérience de la miséricorde, c’est découvrir, comprendre, mesurer et pesé la réalité de l’amour de Dieu pour nous.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades