Le mois d’août avance, les vacanciers et touristes reprennent peu à peu le chemin de leur maison, les agendas se remplissent doucement, la période estivale s’achève et déjà se profile la rentrée, et l’année va à nouveau défiler à toute vitesse. Nous pouvons nous laisser porter, comme des feuilles mortes, par le flot de la rivière, sans choisir, sans vouloir, sans souci ! Ce n’est pas seulement l’année qui défile, mais les années qui défilent à toute vitesse. L’année que nous venons de vivre, avec ses longues parenthèses éprouvantes d’activité et de vie sociale, avec l’inquiétude qui nous ronge, nos libertés mises à mal aussi bien par la menace de l’épidémie que par les mesures prises en vue de l’endiguer, cette année doit nous conduire à prendre notre vie en main, résolument.
Où voulons-nous aller ? Quel est notre but ? A bien des égards, il pourrait sembler qu’il ne s’agit que de survivre ! Nous avons attendu, et nous attendrions sans doute vainement, que tout redevienne normal, comme avant, pour reprendre le cours de nos vies. Pour nous, dans la foi, la survie, le simple bien-être matériel ou bien encore la seule santé du corps ne peuvent être la seule finalité. Ce qui est au cœur de notre foi, c’est quelqu’un : Dieu Créateur et Sauveur, qui nous a créé et sauvé par amour. Le but de notre pélérinage, la récompense de nos mérites et de notre travail, ce n’est pas un lieu ou quelque chose, c’est quelqu’un. Ce but, il faut le garder devant les yeux de notre cœur, comme une lumière qui nous éclaire dans les ténèbres de notre quotidien ou de nos inquiétudes.
Pourquoi Le chercher Lui, de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force ? Comme dans une relation d’amitié, parce que nous avons fait ou parce que nous voulons faire l’expérience de cet amour de Dieu pour chacun d’entre-nous. Même si nous n’avons pas fait cette expérience, ou peut-être parce que nous n’avons pas pris conscience de l’avoir faite, le témoignage des saints et de nos frères dans l’Eglise, nous conduit à cette conviction que nous pouvons le rencontrer, le vivre, en mesurer la force.
Comment parvenir à ce but ? Les moyens que nous avons ne sont ni à côté, ni confondus avec les moyens de notre vie quotidienne, s’ils sont de nature radicalement différentes, parce qu’ils sont spirituels, ils n’en sont pas moins humains, c’est-à-dire qu’ils sont à notre portée, dans notre quotidien, dans ce qui est notre vie, par ce que nous sommes et vivons humainement. La prière, par exemple, est un acte humain, et cependant, elle est radicalement différente de tout autre acte humain, parce qu’elle est aussi un acte divin, un acte par lequel notre Dieu et Sauveur, nous dévoile et livre son amour. Pareillement pour les sacrements.
Pour changer nos vies, il ne suffit pas de changer nos activités, il faut radicalement changer ce que nous sommes et comment nous le faisons. Par la prière et les sacrements, où se réalise et se joue notre relation à notre Dieu Créateur et Sauveur, s’enracinera une vie pleine d’espérance et d’amour.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades